« Trouver du travail, c'est zéro problème et... zéro tolérance » (DNA / JEUDI 27 Février 2020)

Publié le 27/02/2020

De son parcours de combattant salarié, Rose retient une leçon amère. Faire valoir ses droits ou sa situation particulière ne rentre pas dans les cadres.

Au supermarché Atac d'Ostwald, Rose a travaillé à temps plein à partir de 2004. En 2012, elle commence une formation d'adjointe responsable à la caisse. Une intervention chirurgicale programmée de longue date vient interrompre ce cycle de formations. Durant l'arrêt de travail, le groupe Auchan a confié la moyenne surface à un gérant indépendant.

« Lorsque je suis revenue dans le magasin, j'ai redémarré à zéro en caisse comme employée de base »,

se souvient Rose. « L'ambiance avait changé, des primes et avantages avaient été rognés. J'ai demandé pourquoi ma formation ne reprenait pas :

vous étiez absente, j'ai pris quelqu'un d'autre à votre place, m'a expliqué mon nouveau patron. »

.../.... la salariée commence à scruter de plus près ses fiches de paye. « J'y ai trouvé des anomalies. J'ai annoncé que je mettrais ça sur la table à l'Inspection du travail, et je l'ai fait. » Après le contrôle par la Direccte (*), l'entreprise écope d'un avertissement.

Rose, elle, dit avoir été victime de représailles. « J'étais dans la ligne de mire. Plus personne ne me parlait, j'ai eu des plannings horribles avec des coupures tous les jours... »

La CFDT et l'Inspection du travail s'en mêlent. Après six mois de harcèlement, la salariée en dépression est licenciée pour inaptitude.

.../...Fin 2014, le jugement du tribunal des prud'Hommes accorde 15 000 EUR de dommages-intérêts à la plaignante.

« Plus tard, lorsque j'ai postulé dans un autre magasin de la même enseigne, j'ai compris que je n'avais plus de chance d'être prise. »

.../...

 « Trouver du travail, c'est zéro problème, mais aussi zéro tolérance pour des personnes fragilisées. Dans beaucoup d'entreprises, l'exploitation des gens au maximum prime sur tout le reste .../... L'âge de la retraite est repoussé, mais aucune mesure de soutien n'est mise en place pour des cas spécifiques comme le mien. J'ai cette colère, qu'on ne prenne pas en compte la réalité de ce que vivent les personnes. »

 « Si j'ai décidé d'exposer comme ça ma vie et mon parcours professionnel, c'est ma façon à moi d'apporter un coup de pouce aux gilets jaunes et aux syndicats qui se battent depuis un an pour une cause concernant tous les travailleurs ».

« J'ai voulu, en tant que citoyenne concernée par l'avenir de mon pays, faire remonter à la surface ces injustices qui ne sont pas forcément connues de tous ».

(*) Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi.