Les évaluations, « un stress inutile » ? ( L'ALSACE / JE. 20 SEPT. 2018 )

Publié le 21/09/2018

Depuis lundi, comme l'a souhaité le ministre de l'Éducation nationale, tous les élèves de CP et de CE1 passent les mêmes évaluations en mathématiques et en français, soit une série d'exercices à effectuer en un temps limité.

 

 « C'est un peu compliqué », constate d'emblée Chloé Muller, au Sgen-CFDT Alsace, certaines écoles n'ayant même pas reçu les fichiers et, surtout, leurs contenus n'étant « pas adaptés ». 

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En outre, elles les placeront « en concurrence », regrette la présidente départementale de la fédération de parents d'élèves FCPE 68, Florence Clau-depierre, qui est « contre le fait que les élèves soient jugés à peine l'année commencée, surtout pour les plus fragiles ». C'est, à ses yeux, « un stress supplémentaire qui n'apporte rien », alors que « des évaluations sont faites en cours d'année par les professeurs qui savent évaluer le niveau des élèves et adapter leur progression pour avancer sereinement ».

« Arrêter avec cette obsession du résultat »

Le stress touche aussi les parents « qui ne sont au courant de rien et ont l'impression que leurs enfants doivent réussir, sans comprendre que c'est juste un test », observe Juliette Staraselski, présidente de la Peep Alsace. Comme les enseignants, elle s'étonne de découvrir « des tableaux avec des lettres qui ne correspondent pas du tout à un niveau réel de sortie de maternelle. Et ces enfants devraient rester concentrés 20 minutes ! Il faut arrêter avec cette obsession du résultat, la réussite c'est qu'un élève trouve sa voie... »L'intention, suppose-t-elle, est de « savoir s'il y a un progrès » dans les CP et CE1 dédoublés de l'éducation prioritaire, car le principe des évaluations n'est pas nouveau, mais, ajoute-t-elle, « je ne vois pas en quoi cela permettra de détecter quoi que ce soit, car quand la base ne correspond à rien, l'évaluation a un effet pervers ».

L 'Apepa, l'Association des parents d'élèves en Alsace que préside Thierry Loth, est, en revanche, « plutôt favorable à des outils de mesure au niveau macro » pour « savoir si le niveau espéré est atteint et trouver des actions correctives.

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« On nous parle de confiance , reprend Juliette Staraselski, mais on ne peut l'avoir que quand toutes les parties prenantes sont informées à l'avance et impliquées. Les enseignants eux-mêmes ne savent pas d'où viennent ces évaluations. C'est un manque de respect pour leur travail et on ne sait pas ce qui sera fait des résultats. »

Raison pour laquelle le SNUIpp appelle à « ne pas faire remonter les résultats » dans la base nationale et demande à ce que « les enseignants puissent réfléchir aux items à choisir. » Que le ministère « leur fasse confiance » dans la manière de mener les évaluations avec les élèves, c'est aussi ce que souhaite le Sgen-CFDT qui réclame, en outre, que les professeurs aient « du temps supplémentaire pour la saisie, la correction et pour pouvoir ensuite adapter leur pédagogie ».