Un nouveau souffle pour les ports sur la Moselle ?

Publié le 31/05/2018

On le sait peu, mais la Moselle à grand gabarit est une infrastructure fluviale de 1er ordre à l’échelle européenne qui connaît chaque année un trafic supérieur à 5,5 millions de tonnes. Le 31 décembre 2018, les concessions pour les quatre ports publics (Nancy-Frouard, Nouveau Port de Metz, Metz-Mazerolle et Thionville-Illange) prendront fin après cinquante années d'exploitation par les CCI de Meurthe-et-Moselle et de Moselle. 

L'opportunité pour la région Grand Est de reprendre la main et de faire de ces ports des infrastructures d'envergure européenne dans le transport fluvial.

Contexte 
Liés directement à l’économie lorraine, les ports lorrains sont aujourd’hui en situation difficile.
• Les trafics connaissent une érosion continue de près de 20% depuis 10 ans qui s’explique par les restructurations industrielles du secteur de la sidérurgie et la transition énergétique. 
• La concurrence importante avec les ports ou plateformes européens voisins (Athus, Bettembourg, Trèves, Dillingen) rend difficile la recherche de nouveaux trafics.
• De plus, la concurrence que se livrent les ports de la Moselle entre eux ne permet pas un renforcement de leur compétitivité.
• L’activité conteneurs, principal élément de la stratégie portuaire actuelle, se développe lentement. 

La fin des concessions actuelles des 4 ports publics au 31 décembre 2018 devrait mettre fin à la concurrence entre les sites en créant le Port Lorrain constitué de 9 sites.

L’Etat, l’établissement public VNF et la Région ont imaginé une organisation différente permettant de regrouper leurs moyens et leurs efforts en faveur du développement portuaire.
Dans un premier temps, VNF a lancé un appel à manifestation d'intérêt (AMI) en janvier 2018. Jusqu'au 9 février, il visait à recueillir les marques d'intérêts et les attentes d'opérateurs privés (logisticiens, chargeurs, exploitants de terminaux...) prêts à s'engager dans la nouvelle gouvernance. Dans un second temps, en mars, est attendue la publication de l'avis d'appel public à concurrence pour une désignation d'opérateur(s) en fin d'année.

Enjeux 
Multiplicité des sites, concurrence entre eux, concurrence des dynamiques voisins Athus en Belgique et Bettembourg au Luxembourg s'ajoutent à la baisse structurelle du trafic historiquement tiré par le charbon et l'acier (- 20 % en dix ans) qui créé aujourd'hui une forte dépendance aux céréales.
De plus, le conteneur n'a pas décollé. Au total, le potentiel du positionnement au cœur des flux européens Nord-Sud (et des deux corridors mer du Nord-Méditerranée et Atlantique) n'est pas exploité.

L'analyse CFDT

A ce jour, alors que l'Appel à Manifestation d'Intérêt avait été lancé en grandes pompes le 15 janvier 2018, nous n'avons aucune information sur les résultats ni sur les suites de cette consultation... un nouveau retard pour le projet Europort qui peine à se concrétiser depuis 2008 ?

Nouveau piétinement pour Europort ?

Ill2 264L’idée de développer le port d’Illange en une plateforme multimodale : eau-fer-route et d’en faire un port intérieur capable d’assurer le transport de containers depuis les ports d’Anvers/Rotterdam apparait en 2008 suite à la fermeture de Gandrange.
Le port public de Thionville-Illange est concédé depuis le 21 août 2008 à la Société du Canal des Mines de Fer de la Moselle (CAMIFEMO), SAS dont l’actionnaire majoritaire est la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Moselle. Historiquement, il a pour vocation de desservir les entreprises sidérurgiques du Nord de la Lorraine, notamment ArcelorMittal à Florange.

 Depuis 2008, d'importants travaux d'infrastructures ont été réalisés (desserte ferroviaire, construction d'une plateforme à containers...) et la CFDT défend ce projet porteur d'emplois et de développement économique. Dans la continuité, l'Union Régionale CFDT Grand Est portera ce projet lors de sa rencontre avec M. Rottner, président de la région Grand Est en juin prochain. 

C'est pour préparer cette rencontre que Dominique Toussaint, Secrétaire Général de la CFDT Grand Est et Didier Junker, Secrétaire Général de la CFDT Moselle ont rencontré, le 18 avril et le 29 mai, des représentants des sections Gepor et ArcelorMittal, ainsi que M. Marzorati, préfet en charge du comité de suivi d'ArcelorMittal.

Il ressort de ces rencontres que le projet du Port de Thionville-Illange a le potentiel nécessaire pour en faire une plateforme d'envergure européenne, permettant d'acheminer les matières premières et les produits finis du groupe ArcelorMittal à un moindre coût environnemental.

Les carnets de commande de Gepor sont pleins et les projets ne manquent pas pour développer les ports de Mondelange/Richemont et de Thionville-Illange, il s'agit maintenant d'en convaincre le président de la région Grand Est...

Lors de notre rencontre avec le Président Rottner le 14 juin, nous avons rencontré une écoute attentive. La Région semble avoir conscience du potentiel de ce projet, notamment dans un cadre de développement plus large du fluvial et de développement économique du Nord Lorraine (en lien avec l’A31bis).

Le passage à une gouvernance Etat/ Région permettra peut-être de voir enfin, après 10 années, ce projet aboutir...