INTERVENTION DE LA CFDT GRAND EST AU CNC Février 2021

Publié le 16/02/2021

Retrouvez l’intervention de Sylvie DELANNE, membre du bureau régional de la CFDT Grand Est, au Conseil National Confédéral de février 2021.

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Effectivement, la crise sanitaire n’est pas finie. Nous le vivons à nouveau particulièrement en Grand Est. Bien sûr rien de comparable avec ce qui s’est passé pendant la première vague. Mais alors que les chiffres semblaient s’améliorer, l’arrivée des nouveaux variants et une flambée en Moselle due au variant Brésilien fait craindre le pire pour les jours à venir (d’ailleurs, qu’est-ce que le variant Brésilien vient faire en Moselle ?). Cette situation est d’autant plus inquiétante qu’elle arrive dans un contexte d’hôpitaux surchargés et d’équipes soignantes épuisées.

Le climat démocratique n’en finit pas de se dégrader et le niveau de défiance vis- à-vis de la parole publique atteint des sommets. La dernière prise de parole du premier ministre en visite à Strasbourg sur la collectivité unique d’Alsace puis le rétropédalage du gouvernement dans la foulée, en rajoutent localement sur le sentiment d’une parole publique décrédibilisée.

Tenir la ligne CFDT, c’est ne pas s’engager dans des polémiques mais utiliser notre droit à la critique sur des éléments factuels. C’est ce que nous nous efforçons de faire en Grand Est en demandant et en obtenant « un retour d’expérience », une évaluation de la gestion de la crise sanitaire par l’ARS (de la première vague). Objectif : s’appuyer sur les erreurs du passé pour que demain la démocratie sanitaire au service de la population et des travailleurs du secteur fonctionne mieux.

Les conséquences économiques n’en sont qu’à leur début et nous ne savons pas exactement l’ampleur que la crise prendra en 2021. Notre Bureau Régional nous l’a rappelé la semaine dernière, les situations sont très diverses entre les secteurs, les territoires et les entreprises elles-mêmes. Certaines entreprises sont en grandes difficultés, d’autres profitent d’effets d’aubaines. Je pense à l’attitude de certaines grandes enseignes commerciale qui pendant la période mettent en œuvre des PSE et désignent des « volontaires » pour travailler les dimanches malgré l’épuisement des salariés de ces secteurs.

Une chose est sûre, la crise frappe aujourd’hui les plus faibles

Demain toute la région va être impactée, parce qu’elle va devoir absorber les effets de la crise Covid et ceux du Brexit (nous sommes la deuxième région exportatrice du pays et avant le Brexit 30% de nos exportations partaient vers l’Angleterre). Nous sommes une terre d’industrie et la transformation de celle-ci vers une production faiblement carbonée va directement impacter le travail d’un nombre important de salariés du secteur. Les transformations du travail du fait de la digitalisation des entreprises et des administrations ne sont pas un fait nouveau. Mais elles s’accélèrent et nous poussent à investir massivement les questions du travail et de son contenu, de l’emploi, parce que c’est l’ADN du syndicalisme. Parce que c’est ce que les travailleurs attendent de nous et parce que nous avons des marges pour agir.

Il y a la question du suivi et de l’évaluation des plans de relances. Des avancées semblent enfin venir pour un suivi de ceux-ci (état et région), associant mieux les partenaires sociaux. Notre objectif à chaque fois n’est pas d’être en position de décideur, mais d’avoir une évaluation de ce que produit exactement l’action publique. Les bénéficiaires ciblés ont-ils bien accès aux aides ? Quels effets sur le tissu économique, sur les personnes, pour répondre à l’urgence et pour préparer l’avenir en repositionnant le territoire sur les enjeux du développement durable ?

Il y a les dispositifs EFOP et plus particulièrement « Transitions collectives » que nous cherchons à déployer en région malgré l’indifférence des autres OS et les tentatives d’une partie du patronat de ne pas nous associer.

L’ANI télétravail nous incite à poursuivre de combat pour un télétravail de qualité, loin de ce que vivent des salariés actuellement contraints à télétravailler dans des environnements non adaptés, à temps plein, avec un fort risque d’isolement. Le déploiement du télétravail nous conduit également à regarder les questions d’infrastructures territoriales (espaces de coworking, réseau internet, transport…). C’est un des sujets de la conférence sociale.

Pour faire suite à l’ANI sur la santé au travail, il y a aujourd’hui l’action auprès des parlementaires et Il y aura demain l’action auprès de nos mandatés, pour peser dans les instances de santé au travail qui viennent d’être renouvelées, ainsi que dans les instances de dialogue social territorial. Il y aura surtout l’action d’accompagnement des militants pour les aider à agir dans les entreprises et demain dans les administrations (administrations souvent bien peu exemplaires sur ces deux sujets). Là encore, la formation syndicale et l’ARC seront des appuis indispensables pour peu que l’information arrive jusqu’aux militants et aux adhérents. C’est sans doute là, malgré tous les efforts déjà déployés qu’est notre principal enjeu.

 

Mais parler des travailleurs ne suffit pas. Il nous faut batailler et aider les jeunes afin qu’ils puissent devenir les salariés de demain. Et même si la précarité estudiantine ne devrait pas être un sujet dont on parle uniquement « à cause » de la crise sanitaire, c’est évidemment le sujet prioritaire aujourd’hui des acteurs de Pacte du Pouvoir de vivre en Grand Est.

La crise sanitaire perturbe l’exercice syndical et nous n’avons pas à rougir de la façon dont les syndicalistes CFDT ont su s’adapter. Mais aujourd’hui on sent une fatigue des militants comme du reste de la population, avec néanmoins de belles initiatives, notamment dans le cadre de la campagne TPE où des syndicats et des territoires arrivent à mixer des actions numériques et des rencontres sur le terrain (avec le respect des gestes barrières évidemment).   Les équipes en sortent regonflées.

Un autre exemple, les mineurs CFDT viennent de nous rappeler que l’action syndicale opiniâtre et organisée, ça paye ! Après huit ans de bagarre devant les tribunaux, ils obtiennent la reconnaissance du préjudice d’anxiété. Cette nouvelle donne pourrait bien amener de nouveaux leviers d’action et faire progresser la prévention.

Enfin, dans la période plus que jamais, il y à débattre entre militants, entre adhérents sur la crise et l’après, sur l’interne et le revendicatif, sur le sens et l’action. En Grand Est, nous avons décidé de lier la préparation du congrès confédéral et celle  du congrès régional qui se déroulera juste après. La Consult nous offre cette opportunité.

Alors oui, malgré toutes les difficultés auxquelles nous sommes confrontés, nous devons continuer à agir au plus près des travailleurs et à anticiper le monde de demain, pour le rendre plus désirable pour tous.