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Action CFDT cancer du sein et expositions professionnelles

Publié le 30/10/2019

Après la Moselle et la Meurthe-et-Moselle fin 2018, les départements alsaciens se lancent à leur tour dans l'enquête-action "cancer du sein et expositions professionnelles". 

 1-     Cancer du sein, pour une véritable prévention primaire

Le cancer du sein est le 1er cancer chez les femmes. Près de 60000 nouveaux cas sont détectés chaque année. Cette pathologie affecte principalement les femmes. Si des hommes sont également atteints, 99% des cancers du sein touchent des femmes. On déplore près de 12 000 décès chaque année.

Actuellement, 600.000 femmes en France vivent avec un cancer du sein. Les facteurs favorisant ce cancer sont nombreux. Les risques liés à l’environnement et au travail sont sous-estimés.

Les traitements, dont les modalités se sont améliorées avec le temps, permettent de voir une diminution de la mortalité, il n’en reste pas moins qu’une détection précoce du cancer laisse plus de chance. Le taux de survie est actuellement de 87 % à 5 ans et 76 % à 10 ans. 

2-     Des facteurs de risques professionnels

Sans remettre en cause les facteurs de risques généraux, nous devons mettre en avant la prévention des facteurs de risques professionnels, car pratiquement aucune campagne d’information n’aborde cette question. Le cancer du sein étant abordé uniquement sous la vision santé publique. Or, les conditions de travail jouent un rôle important dans l’épidémie de cancers du sein. Le risque est beaucoup plus important pour certaines professions : infirmières et autres professions de la santé et du social, personnel naviguant dans l’aviation, coiffeuses, ouvrières des industries plastiques et alimentaires ou des nettoyages à sec, etc… Du fait du travail de nuit et /ou de l’exposition aux rayonnements ionisants.

Les autorités de santé publique ne favorisent pas l’émergence de cette question en n’indiquant pas les professions dans les registres des cancers alors que le CIRC (centre international de recherche sur le cancer) ou plus récemment l’ANSES (agence nationale de santé environnementale et sanitaire et du travail) ont publié des études sur le lien entre cette pathologie et l’exposition professionnelle. La prise en compte de l’aspect santé au travail doit donc être abordé.

a-      Le travail de nuit

Le plus connu est le travail de nuit (lequel est défini par au moins 3 heures de 21 heures à 6 heures du matin) fréquent (au moins 3 nuits par semaine) et sur une certaine durée (plus de 4 ans).

Les mécanismes de la survenue du cancer du sein ne sont pas clairement élucidés. Sont incriminés l’exposition à la lumière diminuant la production de mélatonine, surtout secrétée la nuit et ayant un effet anti-cancérogène, la perturbation des gènes impliqués dans la prolifération cellulaire ou les troubles du sommeil pouvant affaiblir le système immunitaire.

b-      Les irradiations

L’autre facteur de risque avéré est constitué par les rayonnements ionisants (rayons X, rayons gammas, rayonnements cosmiques subis lors de voyages en avions). Vont être alors concernés le personnel des services de radiologie, les hôtesses de l’air, les travailleuses du nucléaire.

c-       Les produits chimiques

Plus de 216 produits chimiques ont été mis en cause comme favorisant le cancer du sein, plus de 1000 produits interfèrent dans le cycle hormonal. Le risque lié aux produits chimiques fait l’objet de nombreuses hypothèses, notamment l’exposition aux perturbateurs endocriniens, mais actuellement peu de produits sont retenus comme cancérigènes pour le cancer du sein. On peut citer la dieldrine, un pesticide interdit en France en 1994, l’oxyde d’éthylène, utilisé dans la stérilisation du matériel médico-chirurgicale et les polychlorobiphénils, famille de produits chimiques connus sous son sigle PCB.

3-     L’action CFDT  

Une grande campagne de sensibilisation : 3 objectifs

Les cancers du sein sont un enjeu de société majeur. L’enquête-action, qui est proposée par la CFDT, contribuera à rendre visible cette question et à lancer une mobilisation pour l’amélioration des conditions de travail et la prévention des expositions professionnelles afin de faire reculer le cancer du sein.

3.1    Les équipes CFDT engagées dans cette action souhaitent porter le débat sur les liens entre travail et cancer du sein pour contribuer à la prévention.

3.2    Pour développer une politique de maintien en emploi de toutes les personnes atteintes d’un cancer sein.

Accompagner les personnes ayant un cancer du sein est un enjeu important dans le maintien dans l’emploi. En effet, la moitié des salariés en arrêt de travail de plus de six mois, ne retrouvent pas leur poste de travail. L’information, le suivi et l’anticipation du retour en emploi sont essentiels pour éviter que la maladie ait des effets défavorables sur leur situation professionnelle.

3.3    La création d’un tableau de maladie professionnelle.

Pour une complète visibilité du problème, il convient notamment que les cancers du sein soient reconnus en maladie professionnelle.  En attendant, le cancer du sein peut être déclaré comme maladie hors tableau, avec l’exigence d’un lien direct et essentiel avec le travail confirmé par le Comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) ou la Commission de Réforme.

 

Plusieurs structures CFDT ont été alertées par leurs militants sur l’augmentation du cancer du sein dans certaines professions.

 

A partir de 2017, l’UTI Alsace (puis l’URI Grand Est), la FGTE, le syndicat national des mineurs et des personnels du régime minier, les syndicats santé sociaux des départements 54, 57, 67, 68 et 75 puis l’Union Confédérale des Retraités et la Fédération Chimie Energie se sont intéressés à cette démarche. Le groupe est complété par plusieurs spécialistes : médecins, épidémiologiste, avec un appui d’ETUI de la CES.

En 2018, plusieurs réunions ont été organisées ainsi qu’un séminaire d’une semaine sur les différents aspects du cancer du sein : vulgarisation médicale, épidémiologie et cancers du sein, travail nuit et effet sur la santé, l’action syndicale, la prévention, la reconnaissance en MP dans les autres pays.... 19 militants y ont participé.

Plusieurs groupes de travail ont permis la création d’un questionnaire ainsi qu’une brochure.

A partir d’octobre 2018, plusieurs structures ont démarré la campagne. A ce jour, environ 400 questionnaires ont été remplis.

En 2019, une étude est en cours pour proposer une enquête flash aux équipes voulant s’inscrire dans la démarche.

En octobre de cette année, plusieurs établissements des Santé sociaux 67 ont démarré l’enquête.

Pour le personnel navigant, les équipes CFDT ont également démarré l’enquête.

Un beau chantier interprofessionnel pour défendre les femmes atteintes de cancers du sein à la suite d'expositions professionnelles. S'engager pour chacune, agir pour toutes !