À Kunheim, Essity veut équiper ses salariés de colliers « anti-Covid » ( L'Alsace / Vendredi 22 Janvier 2021)
Délégué syndical CFDT de l'entreprise Essity de Kunheim, Denis Ruxer, n'en revient pas.
.../.... au cours d'un CSE (comité social et économique), la direction a présenté aux représentants des salariés un système de respect de la distanciation physique automatisé afin de lutter contre le Covid 19 dont elle a l'intention d'équiper ses sites .../.... un badge accroché à un collier à suspendre autour du cou qui déclenche un signal sonore de 85 décibels si deux salariés se rapprochent à moins de 2 m l'un de l'autre.
Le boîtier peut aussi émettre un flash lumineux ou une vibration.
« Vous imaginez 85 décibels multipliés par deux, c'est bien supérieur aux normes en vigueur, cela nécessite de porter un casque anti-bruit ! »
Un dispositif jugé « avilissant et intrusif »
.../... « Personne n'en veut ! Pour nous, il s'agit d'une laisse électronique, cela s'apparente à la crécelle qu'agitaient les lépreux au XIIe siècle et vise à nous interdire les contacts humains sur notre lieu de travail. » En effet, ces badges, conçus par la société informatique belge Phi Data, tracent les déplacements qui sont ensuite collectés dans des fichiers informatiques via des modems dédiés et un serveur.
« Cela permet de savoir avec qui vous avez discuté, à quel endroit, pendant combien de temps. Or la direction n'a pas à être informée de la façon dont un salarié emploie son temps pendant sa pause, ça ne la regarde pas ! Sans compter que, pour un certain nombre de manipulations, les salariés sont obligés de se rapprocher de leurs collègues, ça risque donc de biper sans arrêt dans l'usine ! »
.../... la direction a estimé que ce système aurait pour effet de « discipliner les employés à la distanciation sociale ».
« Ils nous traitent comme des enfants ! », s'insurge Denis Ruxer.
« Une surveillance sanitaire, mais aussi sécuritaire ? »
L'élu ajoute que les badges Phi Data ne sont pas compatibles avec les risques des zones Atex (norme européenne associée aux produits utilisables en atmosphères explosibles) présents sur plusieurs sites Essity.
Il s'étonne également de cette initiative unilatérale alors que, .../... les règles et protocoles successifs ont été mis en place avec la participation active des salariés et de leurs représentants.
« .../.... Quelles sont les véritables intentions de la direction, si ce n'est de mettre en place, à terme, un système de surveillance pas seulement sanitaire, mais aussi sécuritaire des salariés ? », s'interroge la CFDT.
.../..., la direction d'Essity a indiqué .../.... « Les porteurs du boîtier seraient alertés en cas de proximité physique trop importante sur les sites Essity (hors sanitaires), permettant ainsi une plus grande vigilance quant au respect des distanciations physiques. Ce dispositif serait sans système de géolocalisation et non relié à des informations personnelles sensibles. Les règles RGPD [règlement général sur la protection des données, NDLR], de la Cnil et l'anonymat seraient bien évidemment respectés. .../... le référent Covid du site aurait la possibilité d'alerter les cas contacts potentiels de manière plus rapide et exhaustive. Des groupes de travail seraient mis en place sur les sites désireux d'avancer sur le sujet avec des équipes et des salariés volontaires en prenant le temps nécessaire à la réflexion, à la compréhension et à l'appropriation. »
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