Accord Egalité Professionnelles : la métallurgie du Grand Est s’engage (Magazine Grand Est n°3 / Juin 2021)

Publié le 18/06/2021

Depuis 2 ans, le syndicat CFDT Métallurgie Coeur Grand Est* et ses sections travaillent en partenariat avec l’association FETE (Femmes Égalité Emploi)
pour améliorer leur accord égalité professionnelle au sein de leurs entreprises. Un partenariat plus que gagnant pour les équipes syndicales, sans
aucun frais pour le syndicat. * : regroupe les syndicats de la métallurgie du 54,55 et 58

Négocier un accord Égalité Professionnelle : obligation et opportunité

Toutes les entreprises, ayant un effectif d’au moins 50 salariés, sont tenues de négocier tous les quatre ans un accord collectif relatif à l’égalité professionnelle. De cette obligation, le syndicat en a fait une opportunité en proposant un accompagnement personnalisé à ses équipes.

« Dans un premier temps, l’association est venue faire une présentation de sensibilisation sur les stéréotypes de genre lors d’un conseil syndical. Pour aller plus loin, elle nous a proposé son regard professionnel sur l’analyse des index égalité professionnelle dans les entreprises que nous couvrons et a établi des remarques, a repéré des objectifs d’amélioration à apporter sur les accords proposés par les directions ou compléter les accords avec la législation en vigueur. Sa venue tombait à pic avec l’ouverture de nombreuses négociations dans nos entreprises. » commente Vianney, secrétaire général du syndicat.

En 2020 pendant la pandémie, le syndicat a pu proposer à ses sections, via l’association, des sessions de formation en visio sur 4 thématiques :

sensibilisation, analyse des index égalité professionnelle, analyse BDES (Base de données économiques et sociales), travail sur des propositions d’actions à inclure dans les accords.

« Suite à ces formations, l’association a proposé d’accompagner individuellement les équipes à la négociation. Soit en proposant des pistes d’argumentaires, de la mise en place d’actions chiffrées, soit en participant directement aux négociations avec la direction en tripartie. »

Mettre la femme et l’homme sur un même pied d’égalité.

La métallurgie est un secteur majoritairement masculin et la tendance est de vouloir améliorer les conditions des femmes.

Avec le regard du personnel de l’association, le syndicat a pris conscience que ces accords créaient une inégalité avec les hommes.

« Dans mon entreprise, nous nous sommes rendu compte que notre premier accord avait été rédigé spécifiquement en direction des femmes : rémunération, mixité des métiers, recrutement en favorisant le sexe en sous-effectif, … mais tout en laissant de côté les hommes. Leur fonction au sein du cadre familial n’était même pas évoquée dans l’accord.

L’homme était dévalorisé dans ce cadre.

Dans notre deuxième projet, nous avons mis l’accent sur l’articulation des temps de vie pro/perso/famille en incluant, par exemple, des jours rémunérés pour l’accompagnant de la femme enceinte dans le suivi médical, des actions d’informations sur le congé parental d’éducation, auquel les hommes ont peu recours. Aujourd’hui, je suis fier de cet accord, c’est même le meilleur que je n’ai jamais signé ! »

L’égalité professionnelle ne se résume pas qu’à l’égalité de rémunération ou d’emploi.

« L’association nous a sensibilisé sur les nombreux thèmes insoupçonnés qui pouvaient être inclus dans les accords comme l’accompagnement des enfants en situation de handicap. Un compteur de 24 heures par an a été mis en place pour les parents concernés pour s’absenter sans perte de salaire. Ce sujet nous tient à coeur car quelques parents sont concernés au sein de notre entreprise. D’autres sujets ont été intégrés comme des actions de formation pour lutter contre les stéréotypes de genre destinés au personnel impliqué dans le recrutement, la formation et la gestion des carrières. Sensibilisation sur les violences sexistes ou conjugales qui ont aussi des répercussions dans l’entreprise. »

Pour la section de chez FIVES CRYO dans les Vosges, l’accompagnement a permis d’améliorer le dialogue social et obtenir de nouveaux droits.

« Le délégué syndical a pris son mandat il y a 2 ans. La CFDT était déjà présente mais vieillissante et peu présente. En tant que nouveau, il avait plein d’idées pour améliorer les conditions dans l’entreprise mais qui ne passaient pas au niveau de la direction. Il a demandé l’aide de l’association dans la négociation de l’accord égalité pro qui lui a proposé un document clair, chiffré, avec des pistes d’amélioration. L’intervention de l’association a permis d’apaiser les tensions et d’améliorer le dialogue social avec la direction, en apportant de nouveaux droits aux salariés et montrer une nouvelle image du syndicalisme, un syndicalisme de réflexions, d’argumentations et de donner une légitimité aux équipes. Sans cet accompagnement, nous ne serions pas arrivés à obtenir les résultats que nous avons aujourd’hui. Certes, ce genre de négociation ne touche pas tous les salariés.

Eux même nous réduisent à ne négocier que les salaires et les augmentations. Mais ceux touchés par ces nouveaux droits, viennent spontanément nous rencontrer pour se renseigner sur les marches à suivre. Cela nous permet d’avoir une accroche en vue d’une syndicalisation ».

La négociation d’un accord égalité professionnelle ne doit pas être prise à la légère. Elle doit rentrer dans une démarche constructive pour l’ensemble des salariés de l’entreprise et mettre tout le personnel sur un même pied d’égalité. L’association a su sensibiliser les militants sur les idées reçues et les préjugés et leur a ouvert les yeux sur les multiples possibilités de sujets qui peuvent rentrer dans cet accord.

 

Fête est une société coopérative composée de salariés qui ont une fibre militante de l’égalité homme/femme. Ses interventions sont gratuites. Elle est financée par la DREETS (Direction Régionale de l'Economie de l'Emploi du Travail et des Solidarités), et présente sur tout le territoire. https://www.fete-egalite.org/