Un cancer du sein reconnu comme maladie professionnelle (L' Alsace / Mardi 14 mars 2023)

Publié le 14/03/2023

Elle a été infirmière 28 ans au centre hospitalier de Sarreguemines, multipliant les postes de nuit. En 2009, à 49 ans, Martine a développé un cancer du sein. Il vient d'être reconnu comme maladie professionnelle, après deux ans de démarches de la CFDT mineurs de Freyming-Merlebach. Une première. 

Cela pourrait constituer la première reconnaissance en France d'un cancer du sein comme maladie professionnelle.

Martine, infitmière à la retraite de 62 ans, vient d'obtenirgain·de cause en janvier, en Moselle, après l'ouverture de son dossier en 2020.

« Les cancers du sein ne peuvent pas être attribués aux seuls choix de vie personnels, au tabac, à l'alimentation. Cette victoire est significative »,

appuie Brigitte Clément, secrétaire ré-gionale de la CFDT des mineurs à Freyming-Merlebach, qui milite pour la reconnaissance de l'origine professionnelle de cette pathologie et a soutenu l'infirmière dans sa démarche.

« À notre connaissance, aucun autre dossier à l'issue favorable n'a été répertorié en France», signale-t-elle. 

Le travail de nuit épinglé

Dans le cas de Martine, le travail de nuit constitue le principal facteur de risque. Infirmière durant vingt-huit ans, .../.... elle a comptabilisé 873 nuits, soit au moins une par semaine.

« Cela diminue la sécrétion de mélatonine, un anti-cancérogène, les salariés étant exposés à une forte lumière », explique le Dr Lucien Privet, médecin-conseil pour la CFDT.

« Le travail de nuit provoque aussi des troubles du sommeil pouvant affaiblir le système inlmunitaire. » .../.... d'autres facteurs de risque probables sont connus : rayonnements ionisants, perturbateurs endocriniens et produits chimiques dont l'oxyde d'éthylène pour stériliser le matériel médical.

« Les études à ce sujet sont nombreuses », poursuit le médecin.

Enquête auprès des établissements de santé

« Entre 1990 et 2000, à l'hôpital de Freyming, une dizaine de cancers du sein ont été recensés chez les femmes du service pédiatrie », illustre Josiane Clavelin, de la CFDT Moselle, qui avait alerté à l'époque.

« Elles accompagnaient les enfants en radiologie et portaient les plus agités pour les apaiser. Elles étaient exposées aux rayons, sans protection. »

La CFDT, qui entend porter le débat sur les liens entre travail et cancer du sein, avait lancé en 2018 une vaste enquête dans des dizaines d'établissement de santé de la région Grand Est. Plusieurs centaines de personnels féminins avaient répondu. Seuls quatre dossiers ont été instruits. Trois, de droit privé, ont été refusés. Pour eux, des recours contentieux sont lancés auprès du tribunal judiciaire.

Une expertise menée par un oncologue

Celui de Martine, ex-salariée du public, est le seul à avoir abouti favorablement, après une longue instruction initiée en 2020. .../.... L'ex-infirmière obtient une indemnisation selon le barème de la fonction publique, soit 35% de 1198 €. Elle a entamé des démarches avec son avocat,.../.... pour obtenir des droits supplémentaires « et surtout marquer le coup afin que cela soit utile à d'autres ». Chaque année, près de 60 000 femmes développent un cancer du sein.