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INTERVENTION DE LA CFDT GRAND EST AU CNC MAI 2019

Publié le 14/05/2019

Retrouvez l’intervention de Sabine GIES, secrétaire générale adjointe de la CFDT Grand Est au Conseil National Confédéral de mai 2019.

guillemet hautEn janvier 2019, Eurostat indiquait que la croissance de la zone euro avait nettement ralenti en 2018. Parallèlement, le FMI abaissait ses prévisions pour la zone euro en 2019 et la BCE alertait sur un assombrissement de son ciel économique. Le Grand Est n’échappe pas à ce coup de frein et son économie marque le pas.

Si le nombre de demandeurs d’emploi dans toutes les catégories et dans tous les territoires baisse (-10 000 sur un an), y compris pour les moins de 25 ans, le taux de chômage à 8,4% proche du taux national reste 2 points au-dessus de ceux de nos voisins européens directs, à savoir l’Allemagne, la Suisse et le Luxembourg. La région est dans une situation paradoxale.

En 2019, sur les quinze grands investissements industriels recensés en France, six sont en Grand Est, soit un milliard d’euros investi. Dans le même temps, les défaillances d’entreprises, en hausse pour la première fois depuis 2015, nous font craindre un impact important pour l’emploi. Le secteur de l’industrie continue à souffrir. Avec moins 2 500 postes sur un an, les bassins dans lesquels l’emploi industriel est important continuent à souffrir.

Des entreprises, et non des moindres, sont en difficulté, comme Saint Gobain Pont-à-Mousson, qui risque de passer sous pavillon chinois. La section, avec le syndicat, la fédération et l’Interpro, s’y bagarrent pour le maintien de l’emploi, enjeu fondamental pour ce bassin de vie déjà fortement éprouvé par le passé. Mais cette situation amène d’autres questions, comme l’indépendance nationale pour la sécurité et la qualité de l’eau, la capacité pour l’Etat à intervenir sur les sujets de stratégie industrielle, la capacité pour l’Europe d’accompagner les états membres dans des projets structurants, qui sont par ailleurs de dimension européenne.

Le 26 mai auront lieu, en France, les élections européennes. Alors que notre territoire est au cœur de l’Europe avec des frontières communes avec 4 pays et de nombreux travailleurs transfrontaliers, la question européenne ne passionne pas les adhérents et les militants. De nombreux acquis nous viennent de l’Europe ; dans la période 2014/2020, l’Europe aura apporté entre autres plus de 1,4 milliards d’euros en Grand Est pour des projets de développement des territoires, mais qui le sait ? Une part grandissante de nos concitoyens a tendance à mieux entendre les détracteurs de l’Europe et oublie notre acquis le plus important depuis près de 70 ans, à savoir la paix.

Au niveau de l’Interpro, notre reconnaissance comme acteur pertinent sur les questions du travail, de l’emploi, de la revitalisation territoriale, varie selon les interlocuteurs. Si au niveau de l’Etat et des Préfets, l’engagement de la CFDT dans les travaux concernant la revitalisation du territoire de Fessenheim nous a un temps laissé croire que nos propositions pourraient facilement prospérer, il n’en est rien. Concernant le contrat de territoire de Carling, en lien avec la fermeture d’une tranche thermique, nous avons été associés à la plénière de lancement, peut être le serons-nous à la signature finale. Mais entre les deux rien, donc ce sera sans nous.

Avec les partenaires sociaux, des travaux enclenchés au sein de 3 groupes se poursuivent, avec une feuille de route sur 2-3 ans.

Avec l’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (pour certains, comme l’UNIOPSS, signataires du Pacte du Pouvoir de Vivre) un travail s’engage autour d’un appel à projet de l’ANACT sur l’amélioration des conditions de travail dans le secteur des soins à la personne, avec comme cible principale les entreprises de moins de 50 salariés, suivi d’une déclinaison territoriale de l’EDEC national pour l’ESS signé en octobre dernier. Dans ces groupes, il se murmure que certaines petites entreprises finissent par trouver que le dialogue social, finalement ce n’est pas si mal que ça. Comme quoi, lorsqu’on se parle, on se voit de façon différente. C’est également dans ces groupes qu’on entrevoit le rôle que pourraient jouer les observatoires du dialogue social. En Grand Est, celui du Haut-Rhin et celui des Vosges fonctionnent plutôt bien. Cela serait-il dû au fait que c’est la CFDT qui en assure la présidence, qui sait ?!

Les différents échanges avec militants confirment que ces derniers sont fiers d’appartenir à la CFDT. Les prises de position au niveau national et la visibilité acquise conviennent. Un bémol toutefois, et pas des moindres, nous notons une forte baisse de participation aux initiatives de l’Interpro. Ce qui interroge notre capacité à mettre en œuvre notre fonctionnement démocratique. La mobilisation des militants de la fonction publique pour le scrutin de 2018 et la mise en place des CSE y sont certainement pour beaucoup.

Dans le secteur privé en particulier, les militants sont absorbés par les négociations et la campagne pour la mise en place des CSE. Beaucoup sont inquiets quant à leurs moyens à venir pour remplir leur mandat au sein de la nouvelle instance. Plus inquiétant, des militants engagés dans l’Interpro n’ont plus de moyens à lui mettre à disposition, suite à la réduction du nombre d’élus (alors même que la CFDT progresse aux élections) et du nombre d’heures à disposition. Plusieurs animateurs de formation, au moment ou nous en avons le plus besoin, nous ont déjà fait savoir qu’ils ne pourront plus aller au-delà des 12 ou 18 jours prévus en CFESS.

Tout cela interroge notre capacité à partager, nous approprier collectivement et mettre en œuvre nos propositions concernant les nombreux sujets d’actualité, dont le Pacte du Pouvoir de Vivre, qui traite de toutes les questions fondamentales pour l’avenir :

  • protection sociale (logement, retraites, déclinaisons locales des plans de lutte contre la pauvreté),
  • transition écologique,
  • mobilité,
  • formation,
  • RSE.

La déclinaison du Pacte est un sacré challenge.

En matière de transition écologique et de développement durable, nous devons passer à la vitesse supérieure et l’entreprise est un lieu pertinent pour l’information et l’échange sur ces questions avec les salariés, mais également le lieu fondamental pour la mise en œuvre d’un changement d’échelle pour la production. Un travail a modestement débuté entre les délégations CESER des signataires du Pacte. Une table ronde le 1er mai et quelques rencontres dans certains départements ont eu lieu. Certes, le temps est compté, mais faire un premier bilan d’étape du Pacte en juin nous paraît ambitieux.

Nous sommes quelques jours après le 1er mai, qui a été l’occasion de belles mobilisations, sur les territoires, du réveillon du 30 avril aux manifestations classiques, des rassemblements festifs conjuguant musique, expositions, débats, dans un mélange de militants et de grand public ; le 1er mai a aussi été l’occasion de débattre essentiellement autour de 3 thèmes : le Pacte du Pouvoir de Vivre, l’Europe, la santé au travail. Tout va bien dès qu’il a du soleil et des militants prêts à s’investir. Cette année, deux moments festifs ont été perturbés par des gilets jaunes. Une réflexion d’un militant résume bien la scène : « Les gilets jaunes veulent plus de démocratie mais ne supportent pas que d’autres s’expriment… va comprendre ! ».

Dans quelques territoires, des gilets jaunes restent mobilisés et, même peu nombreux, ils n’hésitent pas à prendre les militants CFDT à partie. Nous ne pouvons que regretter la visibilité médiatique de cette mobilisation, de surcroît utilisée pour discréditer l’action syndicale dans les expressions, que ce soient des journalistes ou leurs invités. Alors que nous obtenons des résultats dans les entreprises et au-delà, nous avons du mal à le faire savoir au grand public parce que dans ce pays, on parle plus de ce qui va mal, ne convient pas, que du reste.

Le 9 mai a été plus calme, peu ou pas de gilets jaunes et une intersyndicale dont les acteurs sont restés à leur place en portant les revendications du niveau national. Il y a eu une quinzaine d’initiatives – manifestations – rassemblements - distributions de tracts aux usagers.  Un peu plus de monde que lors des initiatives précédentes, avec souvent une belle présence orange, malgré la pluie battante. Si le travail de l’UFFA, des fédérations et des syndicats a permis la prise en compte de nombreux amendements au projet de loi, nous nous interrogeons sur la pertinence d’aller montrer nos faiblesses dans la rue. Parce que quoi qu’on se dise, les agents étaient les absents de la mobilisation, dans les cortèges on trouvait essentiellement des militants élus et détachés.

Comme le dit la note : « Être à la hauteur de nos ambitions suppose aussi de réussir nos évolutions internes ». Dans la période, l’interne prend du temps, sans doute trop, mais peut-il en être autrement ? Le fonctionnement de l’URI GE n’est pas stabilisé. La charge de travail pour passer de 3 à 1 est colossale, il faut inventer de nouveaux fonctionnements pour l’ensemble des secteurs. Lors du passage d’UD en UTI, d’UL en EPI, nous devons essayer d’alléger le fonctionnement institutionnel, développer du débat et des services. Mais les « fonctionnements », même imparfaits, ont la vie dure.

La semaine prochaine se tiendra notre premier Conseil Syndical Régional. C’était un engagement de congrès. Ce sera l’occasion de débattre avec les syndicats et de faire un premier bilan de notre action et tracer ensemble des perspectives. Le développement et la mise en place de l’ARC et les conditions de l’accompagnement des militants y seront traités.

En Grand Est également, les chiffres de la clôture 2018 sont mauvais. Un signe positif néanmoins, nous enregistrons, depuis début 2019, de nouvelles adhésions. Mais il reste beaucoup à faire pour aboutir à une progression réelle et continue.guillemet bas