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Intervention de la CFDT Grand Est au CNC octobre 2018

Publié le 16/10/2018

Retrouvez l’intervention de Dominique TOUSSAINT, secrétaire général de la CFDT Grand Est au Conseil National Confédéral d’octobre 2018.

J'adresse d’abord un amical soutien aux camarades de l’Aude. Ce qu’ils vivent rappelle l’urgence climatique dans laquelle nous sommes tous. Quelques faits marquants dans le contexte international et national. Les résultats électoraux du 1er tour au Brésil sont une catastrophe. L’extrême droite progresse fortement dans de nombreux pays et un axe populiste, nationaliste, se construit y compris en Europe. Une Europe défaillante à bien des égardsLa gestion de l’afflux de réfugiés et de migrants par les États membres en est une illustration. Le risque que les partis eurosceptiques deviennent majoritaires au Parlement européen est réel. Les militants nous le disent aussi, il va falloir s’investir dans la campagne européenne :

•  Parce que nous savons que la construction de l’Europe  économique et sociale  est indispensable  à l’amélioration de notre propre situation . La libre circulation des personnes à l’ intérieur du périmètre européen , c’est pour le Grand Est, chaque jour, plus de 160 000 hommes et femmes qui vont travailler à l’ étranger .
•  Parce qu’il ne faut pas laisser le p rojet européen aux technocrates. L e projet européen c’est aussi et d’abord la paix entre les peuples. 
•  P arce  que quel que soit son  nom,  le FN est en embuscade.  Au regard de ce risque-là, il n’est pas dit que la baisse de popularité du Président Macron soit une bonne nouvelle pour les démocrates que nous sommes, bien que paradoxalement les difficultés actuelles du pouvoir nous ouvrent des marges de manœuvres.

Quelques mots sur la conjoncture économiqueLa note éco est très éclairante sur la question des déficits publics et du consentement à l’impôt. On a là un cadrage utile pour animer le débat avec les collectifs. Pour le Grand Est, les chiffres de l'activité économique sont positifsC’est bien sûr un des effets du nouveau périmètre régional. Mais peut-être pas que…Il y a des signes très encourageants dans plusieurs territoiresSur quinze grands investissements industriels recensés en France, six sont en Grand Est. Soit un milliard d’euros investis. N’oublions pas que c’est aussi, comme chez PSA, le résultat dun travail opiniâtre des militants CFDT sur plusieurs annéesL’enjeu est de poursuivre la mutation d’une région vers une croissance plus verte, avec une industrie de pointe faiblement carbonée, et un dialogue social de qualitéC’est un des axes du dossier « territoire de Fessenheim » et plus largement d’un dossier « filière énergétique en Grand Est » sur lesquels la CFDT grand Est est engagée avec la fédération Chimie Energie. Un autre enjeu de ce dossier est de prouver que l’on peut avancer dans le développement des territoires transfrontaliers sans utiliser les vieilles ficelles des zones franches et du moins disant social. Frontaliers avec l’Allemagne, au moment où se renégocie le traité de l’Elysée, nous y sommes très attentifs. 

Dans ces combats, il manque un interlocuteur en région, les représentants du patronat Depuis sa propre structuration en Grand Est, le MEDEF est aux abonnés absents sans que l’on puisse bien définir ce qui est d’une stratégie délibérée de ce qui est le résultat de ses propres difficultés internes.

 

La CFDT Grand Est se retrouve bien dans les éléments développés dans la note d’actualité revendicative. Quelques rebonds sur certains sujets :

La future réforme de la santé au travail : Notre première prise de position quant au rapport  est conforme à ce que nous portons depuis longtemps. Il faut renforcer la prévention en évitant une opposition stérile entre prévention et réparation, renforcer les activités de recherche, rationaliser  les dispositifs de déploiement, simplifier un système trop complexe et par certains côtés, à bout de souffle. Les lobbies patronaux s’agitent, des coordinations de préventeurs s’organisent. L’information confédérale nous aide à armer nos mandatés qui sont déjà interpellés et qui peuvent être sensible à l’argument d’une reprise en main du système par l’état. Le débat risque d’être rude, même si il est aujourd’hui entre initiés.

La négociation sur l’assurance chômage : Fallait-il ou non accepter de rentrer dans la négociation ? Pour le Bureau régional Grand Est, la réponse est oui. Les militants ne veulent pas que la CFDT donne le prétexte au Gouvernement de se saisir définitivement des règles d’indemnisation du régime d’assurance chômage, sans s’être battu préalablement pour les demandeurs d’emploi. Mais notre positionnement vis-à-vis d’un accord aujourd’hui bien hypothétique devra être exigent et se juger sur cette question des droits obtenus.

La réforme des retraites : ce dossier est désormais un marqueur CFDTDeux difficultés en interne (et sans doute en externe) : rassurer les adhérents les plus anciens qui gardent pour certains un souvenir douloureux des précédentes réformes, et intéresser l’ensemble des classes d’âges à un sujet intergénérationnelDes débats ont déjà eu lieu en Alsace, et en Meuse pour commencer à s’approprier collectivement les enjeux et positions CFDT.

Les élections fonctions publiques : Pour la plupart des sections et des syndicats, le focus est celui du dépôt des listes. La journée orange s’organise. Mais comme il est toujours difficile de faire coïncider une bonne idée, venue d’en haut, avec les engagements déjà pris par les équipes, ce sera en Grand Est une semaine orange. On sent une vraie mobilisation d’une bonne partie de la maison. Du coup, les attentes sont fortes elles aussi et les équipes attendent avec impatience la confirmation des dates de venue des SN.

La mise en place des CSE. Dans la période, l’idée que nous devons faire du CSE  une opportunité pour améliorer le dialogue social et remettre certaines préoccupations des salariés au cœur des débats est complétement inaudible. Pourtant des choses intéressantes se passent dans certaines TPE. Il faudra y revenir le moment venuLa question qui monte aujourd’hui est celle de notre capacité à répondre aux besoins en formation et à la multitude des protocoles électoraux. Certains syndicats se sont organisés mais pas tous. Même ceux qui se sont organisés nous disent qu’ils ne seront pas en mesure de suivre le rythme qui s’annonce pour 2019 L’interpro va aider dans la limite de ses propres moyens. Mais c’est toute la CFDT qui va devoir faire des choix stratégiques. D’autant qu’il y aura la baisse des moyens alloués par les entreprises pour faire vivre le dialogue social, avec sans doute un impact sur l’ensemble des structures CFDT

Tous ces risques rendent évidement encore plus nécessaire l’impératif du développement et l’enjeu des 10 % d’augmentation ! Au niveau régional, des services sont proposés (formations, aide aux protocoles, adhésions en ligne, contractualisation avec des syndicats …). Avouons pourtant qu’il y a une sacrée marge de progrès. Nous ne sommes à ce jour pas à la hauteur de l’enjeu. 

Encore une fois, les chantiers de la rentrée sont nombreux et s’ajoutent à notre propre actualité et à la construction effective d’une nouvelle URI, construction que nous menons de front avec notre feuille de route revendicative. Nous sommes parfois bousculés. Mais en a-t-il déjà été autrement ? Et puis n’oublions pas que nous bénéficions dans la période d’un certain nombre d’atouts. Le congrès confédéral a été une réussite. Il a montré une CFDT qui sait débattre et qui se retrouve au final sur une ligne massivement partagée. Quelles sont les organisations qui peuvent en dire autant ?  Notre positionnement vis-à-vis du pouvoir politique est souvent mieux perçu. La visibilité médiatique de la CFDT est bonne. Notre singularité dans le paysage syndical s’affirme, sans pour autant qu’elle conduise à nous isoler, enfin pas plus qu’avant…

Nous avons engrangé des résultats, nous devons les valoriser, sansmésestimer l’exaspération qui monte et les difficultés d’une partie des agents des fonctions publiques et des salariés que nous représentons. Bref, pour les mois qui viennent, on a du boulot !