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INTERVENTION DE LA CFDT GRAND EST AU CNC OCTOBRE 2019

Publié le 15/10/2019

Retrouvez l’intervention de Sandrine MARX, secrétaire régionale de la CFDT Grand Est au Conseil National Confédéral d'octore 2019.


guillemet haut« Nos ambitions revendicatives sont intactes et notre volonté d’incarner le nouveau visage du syndicalisme toujours affirmée ». Cette phrase qui ouvre la note d’actualité revendicative, nous la partageons complètement. Le dernier Bureau Régional de la CFDT Grand Est a été l’occasion de le vérifier. Il a aussi été un moment d’expression d’un certain nombre d’interrogations que l’exercice nous donne l’occasion de partager avec vous. La note d’actualité énumère une liste impressionnante de thèmes et enjeux du moment. Je rebondirai sur quelques-uns.

Celui de la cohérence et de la solidité interne de notre organisation. C’est évidemment une question qui résonne particulièrement dans une URI fusionnée. C’est tout l’enjeu de la profonde réorganisation dans laquelle l’URI GE, les UD/UTI, les UL/EPI  se sont lancées depuis le congrès de Reims. Oui il est possible de travailler plus efficacement en mutualisant nos richesses militantes et d’être plus en lien avec l’ensemble des syndicats. C’est un enjeu d’efficacité. Le séminaire des URI était une bonne initiative. Structuration, RH, finances, il nous faut aller au-delà dans l’échange et la mutualisation des bonnes pratiques entre les structures fédératives et dans l’appui de la confédération sur ces sujets.

Le développement est évidemment notre première priorité. Elle est de plus en plus partagée par les syndicats, avec un fort investissement de l’URI, un beau début de dynamique qui se traduit dans les adhésions mais pas assez et pas encore dans le nombre de cotisations.

Les élections CSE : Les syndicats sont aujourd’hui la tête dans le guidon. Dans le Grand Est, en septembre 2019, seuls 30 % des plus de 50 ont mis en place le CSE. Sur les établissements de 11 à 49 salariés, seuls 10 % ont effectué une telle mise en place. Malgré l’aide de l’interpro et des fédérations, les syndicats vont être saturés et ne pourront pas répondre à l’ensemble des sollicitations. Demain c’est un gros travail d’accompagnement des nouvelles équipes qui s’annonce. La formation syndicale va être fortement sollicitée. Nous aurons besoin de plus de proximité avec les syndicats, de plus de collaboration avec les fédérations, de plus de réactivité de la confédération. ARC arrive vraiment à point nommé.

Agir sur le travail c’est arrêter de dissocier les questions d’emploi et les questions de qualité de vie au travail.

En région Grand Est, sur le front de l’emploi, la situation s’améliore nettement sur un an. Mais attention car la dynamique s’essouffle. Et surtout cette amélioration n’est pas venue atténuer les disparités sociales et territoriales. Comme à chaque fois la crise économique accentue les inégalités et la reprise ne les corrige pas. Il y a la question de l’attractivité des territoires, du bouclier des services publics,  de la transformation nécessaire d’une région à fort composante industrielle qui doit se tourner plus nettement vers une industrie faiblement carbonée. Il y a l’accompagnement, l’anticipation via la formation professionnelle, il y a la question de l’attractivité des métiers et donc des rémunérations et de la qualité de vie au travail.

Sur les questions d’emploi et de qualification, dans la période, en prenant toute notre place dans le nouveau dispositif de la formation professionnelle en région et en y portant les enjeux d’un Conseil en Evolution Professionnelle de qualité.  En continuant à jouer le jeu des mobilisations territoriales pour l'emploi et les transitions. Sans illusion vue la façon dont l’Etat anime la concertation. Ces réunions ont au moins pour mérite de faire découvrir aux services de la Préfecture, l’existence des Observatoires du Dialogue social.

Sur la qualité de l’emploi, là aussi il y a de la marge. Un exemple fait l’actualité, le secteur hospitalier, médico-social et social. La dégradation des conditions de travail y est insupportable. Et du point de vue de l’accès aux soins, c’est la promesse patiemment construite d’une planification devant conjuguer rationalisation financière et accès à des soins de qualité pour l’ensemble de la population qui semble voler en éclat avec la seule règle appliquée des plans de retour à l’équilibre financier des établissements. Au moment de la révision du PRS, il y a nécessité d’actions concertées entre le pro et l’interpro pour dénoncer plus fortement ces aberrations et porter des propositions alternatives. Là aussi le Pacte du pouvoir de vivre nous donne l’opportunité de gagner en visibilité.

Autre exemple, autre action, depuis plus de cinq ans, le syndicat des mineurs CFDT est engagé dans un combat juridique pour obtenir une indemnisation pour « préjudice d’anxiété » pour plus de 700 adhérents. Mercredi 11 septembre, la ténacité de ce collectif a valu un arrêt de la Cour de la Cassation qui constitue un tournant aux yeux de ceux qui se battent pour la prévention des maladies professionnelles. Cette décision répare une injustice et doit permettre de faire avancer la prévention dans les entreprises. Comme quoi un caillou bien placé peut faire dévier le cours d’une rivière.

Le Pacte du pouvoir de vivre : on commence à mettre de la chair autour de l’os. Une méthodologie d’actions communes est construite avec les acteurs du Pacte en région, avec quelques objectifs atteignables : une sollicitation coordonnée des parlementaires, une intervention conjointe CFDT-ATD Quart Monde-fondation Abbé Pierre auprès du nouveau Haut-Commissaire à la lutte contre la pauvreté, une prise de position CFDT/Mutualité pour la révision du Plan régional de Santé. Mais à chaque fois c’est la CFDT qui est à l’initiative, à la coordination…Tant mieux, mais là aussi cela veut dire de l’investissement. Les militants de syndicats sont très enthousiastes, à nous de les armer pour qu’ils puissent porter un certain nombre de propositions au cœur de l’entreprise.

La réforme des retraites : soulignons la façon dont jusqu’à présent la CFDT a réussi à gérer ce dossier. Il y a dans la plupart des équipes, une envie de débattre, de comprendre le détail des positions CFDT, une défiance quant à la loyauté du gouvernement sur cette question. Un thème monte à présent, c’est celui de la place des partenaires sociaux dans le futur système. Pour la mise en place d’un système à point, la question de qui décide de la valeur du point  et de son évolution est centrale pour le niveau des pensions. C’est plutôt une bonne chose pour les syndicalistes que nous sommes si notre présence  dans la gouvernance est synonyme de bonne gestion et de garantie des droits pour les travailleurs. Ce doit être une des exigences de la CFDT

Comme toujours,  ce n’est pas le travail qui manque ni nationalement ni en région. L’année 2019 aura eu son lot de belles opportunités et 2020 s’annonce aussi chargée.

Attention à ne pas nous mettre nous même dans une équation intenable dont voici les facteurs :

  • Une augmentation des missions de l’interprofessionnel de proximité.
  • Des efforts de réorganisation interne initiés à l’occasion des fusions d’URI, qui à terme nous aiderons mais qui pour l’heure ne sont pas stabilisés.
  • Une baisse de dotation des collectivités territoriales
  • Une baisse des moyens syndicaux en rebond à la baisse des droits auxquels font face les syndicats et les fédérations, ceci malgré l’effort que nous saluons de rééquilibrage dans la ventilation des fonts AGFPN.
  • Une difficulté à avoir une augmentation significative des cotisations

Le développement devrait résoudre en partie l’équation, mais aujourd’hui, le niveau atteint ne permetpas d’être serein pour l’avenir. La réorganisation interne doit se poursuivre pour participer aux nouveaux équilibres imposés, en Grand Est et sans doute bien au-delà.guillemet bas