L'urgence démocratique, thème de l'Université d'été 2019

Depuis quelques années notre société est traversée par des évènements qui mettent à mal notre vision de la démocratie : montée des parties populistes lors des élections, baisse de participation aux élections, mobilisation via les réseaux sociaux, puis dans la rue d’expressions radicales de mécontentements... Notre société est bousculée et pour notre organisation prendre le temps de s’interroger sur les enjeux de la démocratie est utile et même salutaire.

Selon Martial Foucault, directeur du Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), il n’y a pas de crise de la démocratie en France, mais plutôt une crise de la représentation. Si les Français sont toujours autant attachés à la démocratie, la reconnaissant être le meilleur modèle politique pour assurer leurs libertés, c’est sur la représentation que les Français ne sont pas satisfaits. Avec ce constat : ils ont peu de confiance en leurs élus pour porter leurs aspirations et valeurs. Nonna Mayer, directrice de recherche au CNRS remarque la désaffection d’une grande partie de la population à la vie politique dans notre pays. Les exclus et les précaires ne participent pas à la vie démocratique, les rendant invisibles aux politiques et à la vie démocratique.

En tant qu’organisation syndicale, comment faire face, à cette crise des pratiques de la démocratie représentative ?  En explorant de nouveaux modes de scrutin, comme le jugement majoritaire, présenté par le collectif « Mieux voter », avec une démocratie représentative complétée des pratiques de démocratie participative, notamment en entreprise.

Notre société est également bousculée par le numérique et l’accès de tous à une source d’informations inépuisable avec internet mais aussi par l’immédiateté de l’information reçue aujourd’hui en continu. Si de prime abord nous pouvions penser que cela enrichirait le débat public, le constat est que si de nombreuses personnes communiquent et utilisent aujourd’hui les réseaux sociaux, cela n’a pas enrichi de manière qualitative le débat public : certains phénomènes peuvent expliquer cela : le fait que les réseaux sociaux assemblent des gens par affinité, l’absence de contact humain qui désinhibe les réactions.

Alors comment faire vivre, enrichir et réinventer la démocratie dans notre société actuelle ?

C’est là que nous avons été invités à réfléchir à la participation des citoyens aux débats publics, et aux innovations qui visent à développer des technologies permettant d’accroître le pouvoir des citoyens sur la vie politique ou de rendre nos institutions démocratiques et nos organisations plus transparentes, participatives et collaboratives.

Pour Alain Chouraqui, fondateur de la Fondation du Camp des Milles, il y a urgence à agir. « L’engrenage qui conduit une démocratie jusqu’au basculement dans un régime qui autorise l’élimination des minorités est clairement à l’œuvre dans notre société. » Les démocrates doivent faire front commun pour enrayer cet engrenage. C’est tout l’enjeu du Pacte du Pouvoir de Vivre, de constituer un collectif qui partage les mêmes valeurs démocratiques.

Et Thierry Pech, directeur de Terra Nova, de conclure : « La connaissance, c’est l’arme de la société. Il faut se donner l’intelligence de sa colère. »

Escape Game autour des temps forts de l’histoire de la CFDT, soirée festive, et partie de pétanques ont également émaillé l’Université d’été.  Pour ma première participation, celle-ci m’a apportée une bouffée d’air frais et nourrie pour repartir défendre le D de la CFDT avec plus de convictions que jamais.

Retrouvez le Manuel de survie démocratique édité par la fondation du Camp des Milles.