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Au docteur PRIVET, les mineurs reconnaissants ( RL - MMN / Di. 26 Novembre 2017 )

Publié le 27/11/2017

La section CFDT des mineurs de Conflans s'est réunie à Labry pour rendre hommage au docteur Lucien PRIVET. Le praticien les aide depuis 25 ans dans leur combat pour faire reconnaître leurs maladies professionnelles.

 

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Au pied de sainte Barbe et des lampes de mineurs, la section a allumé des bougies pour se souvenir de tous ceux déjà partis. Lucien Privet s'est occupé de plusieurs centaines de dossiers comme celui d'Henri Iwankowski. 

Micro-casque vissé sur la tête, Henri Iwankowski tourne autour de l'assemblée lançant quelques petites blagues pour détendre l'atmosphère. Pourtant, le syndicaliste lui-même est loin d'être détendu. Il faut dire que la cérémonie qui a lieu aujourd'hui lui tient particulièrement à coeur.

La section syndicale de la CFDT des mineurs de fer de Conflans-en-Jarnisy s'est réunie mercredi à la salle socioculturelle de Labry pour un grand hommage à Lucien Privet. Derrière ce nom, 25 ans de lutte acharnée et de combats opposant David à Goliath. « C'est un peu exceptionnel pour nous, avoue Henri Iwankowski. On veut rendre hommage aux équipes qui ont fait découvrir de nouvelles maladies professionnelles. »

« On respirait de la merde »
 

A la création de la section, en 1992, le docteur Privet a aidé les mineurs à faire valoir leur droit face à ces pathologies qui les rongeaient. Celles dues à la poussière de minerai évidemment mais aussi les nouvelles, nées de la mécanisation croissante de leur travail dans les années 60. Forage, transport, soutènement, tout leur quotidien a été bouleversé et leur santé avec. « Les machines fonctionnaient au diesel, on avait besoin de ventilation. » Mais dans ces espaces confinés, celle-ci était loin d'être efficace. Des années durant donc, au fond de leurs mines, de Giraumont à Droitaumont, Henri Iwankowski et ses camarades ont respiré toutes sortes de produits : échappements diesel, benzène, poussières, huiles minérales, amiante... un cocktail déjà détonnant auquel il faut ajouter le fameux trichloréthylène. « C'était le produit miracle pour le nettoyage. » Puissant mais destructeur, au point de s'attaquer aux reins et de provoquer des cancers chez certaines gueules jaunes comme Henri Iwankowski. « On était en permanence dans un brouillard de poussières. On respirait de la merde. »

Une fois les mines fermées et la lueur du jour retrouvée, c'est un autre combat qui attendait les mineurs. Avec leur section syndicale, ils ont tenté de faire reconnaître leurs maladies professionnelles, c'est là qu'est intervenu le docteur Privet. « On a fait le recensement des produits dangereux, on en a trouvé une vingtaine. » La liste établie, ils sont allés voir les mineurs pour leur demander combien de ces cancérogènes ils ont pu absorber. « En général, c'est entre 16 et 20 produits. En plus des poussières ! », s'alarme Henri Iwankowski. Lucien Privet a alors monté des dossiers afin d'indemniser ces hommes pour le sacrifice de leur santé. « Je me suis occupé de plusieurs centaines de dossiers. A l'époque, on se battait beaucoup pour la reconnaissance du cancer du poumon. » A chaque fois, le même combat, la même procédure qui prend 2 à 3 ans. Avec toujours la même volonté et la même passion, même quand un dossier n'aboutit pas. « Des fois, on a des passages à vide, reconnaît le docteur Privet. Mais on a des convictions, alors en 40 ans je n'ai jamais déprimé. »

Un engagement auquel les mineurs ont voulu rendre hommage mercredi, le tout avec une pensée pour les victimes et leurs veuves. Car nombre d'entre eux sont déjà partis suite aux conséquences de ces maladies dont on a voulu nier l'existence. Mais ceux qui sont encore là, par cette cérémonie, veulent prouver qu'ils se battront jusqu'à leur dernier souffle.