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CHRU : l'intenable exigence de l'État ( ER, RL - Lorraine / Ma. 3 Juillet 2018 )

Publié le 03/07/2018

Le ministère demande au CHRU davantage d'économies pour mener sa restructuration... tout en l'enjoignant de réaliser cette restructuration pour faire 
des économies ! Le conseil de surveillance du CHRU fait front.

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Pierre Mutzenhardt, Bernard Dupont, Laurent Hénart et Christian Rabaud ont présenté l'impasse des discussions avec le ministère, qui juge les projets d'économies du CHRU d'ici à 2023 « pas suffisants ». 
 

Débats vifs, hier, lors du conseil de surveillance du Centre hospitalier régional universitaire (CHRU) de Nancy. À l'image d'André Rossinot, qui a interpellé Christophe Lannelongue, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS). Les élus, représentants du personnel et la communauté médicale ont fait front contre la position du ministère de la Santé. Contrairement à la promesse faite en février dans le cadre du Copermo et portant sur le déblocage de 380 M€ d'aides pour la transformation du CHRU, il laisse désormais planer le flou, estimant que la feuille de route de la direction pour 2023 « n'est pas suffisante », confirme Bernard Dupont, directeur de l'établissement.

Pourtant le projet que s'est fixé le CHU à cette échéance prévoit 285 nouvelles suppressions de postes et plus de 80 fermetures de lits. « Pas suffisant » donc, pour le ministère dont le discours est celui du serpent qui se mord la queue. « Il demande au centre hospitalier plus d'économies pour mener sa restructuration, et l'enjoint de réaliser cette restructuration pour faire de nécessaires économies ! », résume le Pr Christian Rabaud, président de la commission médicale d'établissement (CME). Pour Alex Gorge, de la CFDT, ce n'est ni plus ni moins que « de l'enfumage ».

L'équivalent de 400 à 600 postes supprimés
 

Quel est le montant des économies attendues par le ministère ? « 30 M€ », répond Bernard Dupont. Il ne veut pas faire d'équivalence en termes de postes. Lors du plan de refondation 2013-2018 qui a abouti à 42 M€ d'économies, « les 400 postes en moins comptent pour moitié, le reste découlant des réorganisations », argumente-t-il. D'accord, mais l'exigence nouvelle de l'État correspond à 400 à 600 postes supprimés au final.

Laurent Hénart, maire de Nancy et président du conseil de surveillance, Pierre Mutzenhardt, président de l'Université de Lorraine et vice-président du conseil de surveillance, appellent l'État à prendre ses responsabilités, à tenir ses engagements et « à arrêter une décision ». Ils défendent les efforts déjà consentis, qui se sont traduits par une forte baisse de l'endettement de 40 M€ en 2014 à 18 M€ et par des comptes validés cette année « sans aucune réserve, ce qui est rare ». « Le retour à un équilibre structurel du CHRU ne sera obtenu sans la validation de sa réorganisation architecturale », plaident-ils encore.

Pour sortir de l'ornière, Laurent Hénart a reporté la présentation du projet médical 2018-2022, prévue hier. « J'ai demandé aussi qu'une rencontre soit organisée entre la direction de l'ARS et le conseil de surveillance avant la mi-juillet », indique-t-il. Il profitera enfin de la visite de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, vendredi à Nancy, pour l'entretenir de la situation. D'ailleurs, « si je l'ai invitée à cette date, ce n'est pas un hasard », déclare le maire de Nancy.