« Les efforts déjà consentis produisent encore des effets » ( ER, RL - Ouverture Lorraine / Ma. 3 Décembre 2019

Publié le 03/12/2019

Interview de Jean-Louis Malys, ancien secrétaire national de la CFDT chargé des retraites (2006-2017).

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Après avoir laissé entendre que le système était à l'équilibre, le conseil d'orientation des retraites (Cor) pointe un déficit à l'horizon 2025. Quelle est la nature du problème, selon vous ?

En fait, le régime est quasiment équilibré. Ce n'est pas un problème de dépenses mais de recettes. Or, les efforts consentis par les partenaires, lors de chacune des quatre réformes effectuées depuis 1993, produisent encore leurs effets et cela va continuer jusqu'en 2033. Un tel système se pilote comme un paquebot. La durée de vie d'une réforme est d'une quarantaine d'années. C'est la raison pour laquelle l'exécutif a tout pour faire une réforme équilibrée.

Et pourtant, le rapport de force n'a pu être évité. Comment l'expliquez-vous ?

Les choses ont été mal expliquées, c'est un énorme gâchis. Le gouvernement avait toutes les cartes en main pour boucler une réforme très positive et au final, il donne l'impression de chercher l'affrontement. Notre système est bon mais il doit favoriser davantage d'équité. Prendre en compte les carrières longues, la pénibilité ou les carrières hachées des femmes.

Certains des 42 régimes actuels sont déficitaires, comme ceux de la SNCF ou de la RATP. Pour une majorité de Français, leur suppression semble une bonne chose. N'est-ce pas le cas ?

On ne peut pas supprimer d'un trait de plume des régimes qui sont le produit de l'histoire sociale. Il faut imaginer une transition sur 20 à 30 ans. La seule solution est une harmonisation vers un système universel dans lequel tous les droits acquis seront les mêmes. Une telle évolution ne peut être un big bang.