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Guerre des nerfs à l'imprimerie du RL ( RL - Moselle / Me. 24 Janvier 2018 )

Publié le 24/01/2018

Une grève perlée des ouvriers du livre perturbe la sortie du Républicain Lorrain. Le transfert de l'impression, causé par un changement de format prévu fin mars, se traduit par un plan social portant sur cinquante-neuf emplois.

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Chaque matin depuis une semaine, les standards téléphoniques du Républicain Lorrain explosent au siège social, à Woippy, comme dans les agences locales. Les appels sont ceux d'abonnés qui s'étonnent, voire s'offusquent, au mieux du retard de livraison de leur quotidien régional, au pire du non-acheminement. Un journal, de surcroît local, est un rendez-vous matinal, fixé entre 6h et 7h, au moment sacro-saint de la découverte des nouvelles du monde, du pays, de la région, de la commune. Depuis plusieurs jours, ce rendez-vous n'est pas honoré en raison « d'une grève perlée » au centre d'impression de Woippy, qui retarde la chaîne de production, donc de livraison. Des retards variables pouvant atteindre trois heures.. La fermeture programmée de l'imprimerie du Républicain Lorrain, où travaillent encore cinquante-neuf personnes, est au coeur d'un conflit qui s'est durci.

Christophe Mahieu, directeur général du titre, qui compte un peu moins de 500 salariés, évoque « un choix industriel, économique et éditorial ». À la fin du premier trimestre 2018, « ou au plus tard début du second », le journal, passé en tabloïd, sera imprimé à Nancy-Houdemont, où le sont déjà L'Est Républicain et Vosges Matin, qui paraissent dans ce petit format depuis un peu plus d'un an. Les trois titres ont le Crédit Mutuel comme seul et unique actionnaire.

Accord avant le 26 février
 

Le format actuel et historique du Républicain Lorrain fait de lui « le plus grand journal de France ». « Le changement rendra le journal plus maniable et plus moderne », poursuit Christophe Mahieu. Le choix stratégique et la nécessité industrielle ont conduit à regrouper l'impression sur le site de L'Est Républicain. De leur côté, les ouvriers du livre du Républicain Lorrain, attachés aux rotatives, à la maintenance ou à l'expédition, se sentent sacrifiés. À la première annonce dès juin 2015, passée la stupeur, ils ont défendu un maintien de l'imprimerie. « Nous avons ensuite examiné, objectivement, la situation et on en a fait le deuil », expliquait hier l'un d'eux au retour d'une manifestation devant la direction du Crédit Mutuel à Strasbourg, à l'appel du syndicat Filpac CGT. Les négociations ont officiellement démarré en décembre dernier et devront être achevées le 26 février. Aujourd'hui le désaccord porte sur les conditions financières de départ ou de reclassement, négociées entre la direction et l'intersyndicale (CGT, CFDT, FO, SNJ, CGC) dans le cadre d'un plan de sauvegarde de l'emploi. Sur les cinquante-neuf personnes concernées, la direction annonce « vingt-trois personnes pouvant bénéficier de mesures les menant à la retraite et au minimum vingt-quatre propositions de reclassement ». Les autres seront suivis jusqu'à ce qu'ils trouvent un emploi ou concrétisent un reclassement. « Nous avons fait beaucoup d'efforts », estiment les « rotos » regroupés au sein du local syndical et déterminés à maintenir la pression.