Les Gepor bloquent ArcelorMittal ( RL- Région / Ma. 14 Novembre 2017 )

Retour au portier Sainte-Agathe d'ArcelorMittal, hier après-midi, pour les salariés de Gepor. L'avenir de cette filiale emballage, logistique et portuaire du groupe sidérurgique reste flou et ses 188 salariés réclament une garantie sur les emplois pour les cinq prochaines années.

Depuis 2012, l'activité de Gepor est assurée par l'accord ArcelorMittal-Etat français obtenu après la fermeture des hauts-fourneaux. Or, l'échéance est proche et les syndicats veulent que le sidérurgiste s'engage à nouveau pour cinq ans. Mais une nouvelle rencontre avec la direction hier matin s'est avérée infructueuse. Les syndicats n'ont obtenu aucun engagement concret. Ils sont donc passés à l'action, « pour une durée illimitée », en empêchant toute sortie ou entrée des camions de l'usine à froid d'ArcelorMittal.

Selon les syndicats, Gepor est directement menacé par le projet d'ArcelorMittal Atlantique Lorraine (Amal) de confier les activités de sa filiale à un seul prestataire pour l'ensemble du groupe.

« Si Gepor est dans cette situation, c'est parce que certains ont refusé l'intégration dans Amal, alors que les conditions étaient réunies pour l'obtenir en 2013 », rappelle toutefois Luis de Freitas (CFDT), qui compte aussi sur la commission de suivi de l'application des accords pour se faire entendre. « Certains doutent de son intérêt, mais si ArcelorMittal sort son projet d'externalisation maintenant, à quelques mois de la fin de l'accord, c'est bien que cette commission a pesé sur les décisions. Sinon, ça ferait bien longtemps que le groupe aurait sorti Gepor d'Amal. »

Cette fois-ci, les syndicats semblent déterminés et annoncent qu'ils resteront mobilisés jusqu'à l'obtention d'engagements fermes. Cette nuit, ils devaient maintenir des piquets au port d'Ebange.

Les "Gepor" sont entrés en action. Depuis plusieurs semaines, le feu couve sur fond de garantie de leurs emplois. Ils veulent qu'ArcelorMittal, dont ils sont une filiale, s'engage pour cinq années de plus, après le terme du contrat passé avec l'État suite à la mise sous cocon des hauts-fourneaux. Mais rien ne vient...

Donc hier, ils ont commencé par bloquer le portail Sainte-Agathe à Florange. Plus aucun camion n'a circulé à l'usine à froid. Puis ils ont migré vers la gare de triage de fret d'Ébange. Des lieux traditionnels des luttes syndicales. Ils ont rallumé les palettes de bois pour se réchauffer dans la nuit, installés à proximité des rails. Leur seule présence a suffi à interrompre le trafic ferroviaire, comme plus tôt dans la journée ils ont neutralisé le trafic routier. « Ça leur fait perdre de l'argent ! », espère un délégué syndical CFDT. Une façon de faire pression sur la direction afin de forcer la prise de décision.

Dans l'après-midi, une dizaine de gros camions des sapeurs-pompiers ont tout de même franchi le blocus constitué d'une cinquantaine d'hommes. Ils ont laissé passer. « Il y a une manoeuvre incendie à l'intérieur aujourd'hui », observe le manifestant. Des voitures sont aussi sorties de l'usine, ainsi que des camionnettes de sous-traitants. Le barrage n'est pas pour les ouvriers. Seuls les transporteurs sont restés coincés.

Et ça risque de durer, si la situation n'évolue pas.