Retour

Cheminots, régions, usagers : tous remontés ( L'alsace, Er, RL, VM, DNA - / Ma. 20 Février 2018 )

Publié le 20/02/2018

Lancées hier, les négociations pour remettre à flot le système ferroviaire français coincent déjà à tous les niveaux. Dette, statut des cheminots, suppression de lignes, financements des TER : tous les fronts sont ouverts. 

 

logos als dna er rl vm pour portail

 

Les discussions sur l'avenir de la SNCF surendettée (50 milliards d'euros) se sont ouvertes hier à Matignon. « L'Etat doit reprendre la dette pour remettre la société à flot », a lancé d'emblée la CFDT, ouvrant un front financier sur ce dossier à haut risque pour le gouvernement. Or, la dette n'est pas le seul casse-tête dans la réforme d'un rail français indispensable pour permettre de rénover les voies et de hisser la SNCF à niveau, lors de l'ouverture à la concurrence entre 2019 (TGV) et 2023 (TER).

Front social : drapeau rouge
 

Pour le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, la suppression « du statut des cheminots n'est pas un tabou ». Age de départ à la retraite (57 ans, 52 pour les conducteurs), horaires de travail, système de santé, emploi garanti : le dossier est vaste et compliqué, d'autant que l'entreprise publique aux 149 000 salariés à statut doit aussi se transformer en société anonyme. « Supprimer le statut, c'est le drapeau rouge », réagissent l'Unsa et la CGT, les deux premiers syndicats qui dénoncent « un sabordage et une stratégie antiferroviaire ». Premier coup de semonce jeudi 22 mars avec l'appel à la grève. Le gouvernement dispose d'un mois pour déminer. Il a déjà suggéré que la remise en cause du statut ne concernerait que les nouveaux embauchés.

Fronde des régions
 

Le message du rapport aux régions est clair : certains trains sont trop coûteux par rapport au nombre de passagers transportés. Les régions doivent financer l'exploitation comme elles le font déjà, mais aussi l'entretien et l'investissement. « Intolérable : nous achetons du matériel roulant, nous finançons des haltes, des gares, des travaux sur voies et, grâce aux régions, la fréquentation des TER est en hausse partout », s'étrangle Michel Neugnot (PS), le vice-président bourguignon de l'Association des régions de France (ARF), soutenu par ses pairs. La sénatrice LR du Bas-Rhin, Fabienne Keller, a aussi réagi sur Twitter : « Nous devons préserver le maillage de notre remarquable réseau ferroviaire ». La disparition de trains risque, selon les élus, d'aggraver les fractures territoriales et de pénaliser des petites villes. Pour les syndicats, « les régions risquent de faire appel à la concurrence (à partir de 2020) sur les lignes en zones denses, et au contribuable pour les autres ».

Les écologistes froncent les sourcils
 

Selon une étude SNCF-Carbone 4, un voyage en train Intercités émet 15 fois moins de CO2 par passager qu'en covoiturage à trois, et 5 à 15 fois moins qu'en autocar. Sauf que selon les associations d'usagers et les ONG, à commencer par la fondatio Hulot, les tarifs et l'offre de la SNCF ne sont pas assez attractifs pour supplanter la voiture. Et que baisser les tarifs signifie plus de compensations de la part de l'Etat et des régions, ou bien se recentrer sur les lignes les plus fréquentées. Le gouvernement n'a d'autre choix que d'ouvrir tous les fronts à la fois. Ils sont tous minés