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La guerre du Smic aura bien lieu (ER, RL, VM, DNA - / Me. 6 Décembre 2017 )

Publié le 06/12/2017

Ne plus indexer le Smic sur les prix ni les salaires, pour le faire progresser moins vite : cette proposition choc du Groupe d'experts est appelée à un bel avenir... Plus tard.

 

2-ER-RL-VMlogo DNA pour portail CFDT

 

La guerre du Smic n'aura pas lieu... maintenant. La proposition choc du Groupe des experts de désindexer le salaire minimum, afin de le faire progresser moins vite, a suscité un tollé des syndicats, et une réaction très prudente du gouvernement. Mais Emmanuel Macron connaissait les thèses de l'économiste Gilbert Cette lorsqu'il l'a nommé à la tête du Groupe.

+16,28 euros au 1er janvier
 

Que propose exactement le Groupe d'experts créé pour conseiller le gouvernement sur l'évolution du Smic ? D'abord de ne pas donner de « coup de pouce » au salaire minimum au 1er janvier.

Il devrait donc augmenter automatiquement de +1,1 %, par indexation à la fois sur la hausse du pouvoir d'achat du salaire de base des ouvriers et employés (SBHOE), et sur l'indice des prix. Il augmenterait ainsi d'environ 16,28 euros pour atteindre 1 496,55 euros brut mensuels.

Le Groupe préconise surtout de supprimer cette augmentation « automatique », en retirant la référence du pouvoir d'achat au salaire de base, ou carrément toute référence. « La double règle d'indexation obligatoire a conduit à une dynamique forte du salaire minimum et à une forme de circularité entre ce dernier et les salaires », explique le rapport. En clair, le Smic augmenterait trop vite, avec effet d'entraînement sur les salaires juste au-dessus. C'est mauvais pour les marges des entreprises, et sans effet sur la pauvreté, que l'on combattrait mieux en augmentant la prime d'activité, argumente le Groupe.

Suivre cette proposition serait « une faute économique et sociale [...] accentuant l'image d'un gouvernement des riches », a aussitôt réagi Jean-Claude Mailly (FO).

Macron-Cette, dès 2011...
 

La CFDT, plus mesurée, reste néanmoins « assez critique ». Quant au gouvernement, il s'est dit hier soir « attaché » à une progression automatique du Smic... Il n'en pense pas moins. Emmanuel Macron connaît l'économiste Gilbert Cette depuis qu'il a travaillé avec lui au programme du candidat Hollande. Conseiller puis ministre du président Hollande, il a mis en œuvre sa thèse de « gel partiel du Smic » développée dans un livre, Changer de modèle (avec Elie Cohen et Philippe Aghion) : le Smic, après un dernier « coup de pouce » saluant en juillet 2012 l'élection de François Hollande, a progressé moins vite que le salaire de base (voir infographie). « Il ne va pas ouvrir un nouveau front maintenant sur le Smic. Il va laisser passer les retraites », commentait hier un vieux routier du social. Mais après les retraites, dans moins de deux ans, la désindexation devrait redevenir d'actualité.