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Laurent Berger : « La CFDT compte 623 802 adhérents » (L'Alsace,DNA,RL,VM / JE. 17 MAI 2018 )

Publié le 17/05/2018

CITEZ-MOI UN PARTI POLITIQUE EN MESURE D'AFFICHER 623 000 ADHÉRENTS ATTESTÉS !

La grève à la SNCF dure depuis un mois et demi. Qu'est-ce qui peut permettre de débloquer la situation ?

La discussion sur les amendements à la loi, autour de trois sujets : l'incessibilité de la SNCF, sur laquelle nous avons obtenu un engagement du Premier ministre ; la situation des cheminots au moment de l'ouverture à la concurrence ; les investissements dans le ferroviaire et la reprise de la dette. Il faut aussi imposer à l'UTP (patronat des transports) d'ouvrir la discussion sur la couverture sociale et les conditions de travail des cheminots... La CFDT ne soutiendra jamais cette réforme, lancée en tapant sur les cheminots. Mais elle a été votée par 450 députés...

Comment sortir de la grève si une majorité de cheminots dit dans la « vot'action » en cours qu'elle est contre la réforme ?

Pour l'instant, nous ne parlons pas de sortie de grève. Pour cela, nous attendrons de voir comment on améliore le sort des cheminots demain, et comment on pérennise un service public ferroviaire.

Le 22 mai, les fonctionnaires sont dans la rue à l'appel de toutes les fédérations syndicales. Le gouvernement tient-il compte de cette unité ?

Nous verrons, mais il faut que le 22 mai soit bien centré sur les fonctionnaires, l'unité renforcera nos capacités à obtenir des avancées salariales. Nous avons une profonde inquiétude sur les travaux de Cap 2022 (sur la transformation de l'État), nous voulons montrer que les fonctionnaires ne sont pas une charge pour la Nation, mais une richesse.

Le gel du point d'indice, c'est une ligne rouge ?

Il faudra une mesure d'augmentation générale pour les fonctionnaires. Mais nous demandons aussi des mesures spécifiques sur les déroulements de carrière, ou catégorielles pour les aides-soignantes par exemple ou les contractuels.

La CGT va participer à la manifestation du 26 mai avec les partis de gauche, dont La France Insoumise. Votre réaction ?

Je pense que le syndicalisme se perd et ne se met pas en situation de répondre concrètement aux besoins et préoccupations des travailleurs quand il mélange le combat syndical et le combat politique.

Vous défendez le dialogue social. Est-il possible avec Emmanuel Macron ?

Il est parfois possible avec ce gouvernement, parfois non. Sans personnaliser, j'ai deux désaccords de fond avec ce pouvoir et, c'est vrai, notamment avec le président.Le premier porte sur le modèle de société : nous voulons un modèle inclusif, solidaire, construit sur du collectif tout en tenant compte des personnes, alors qu'il veut une société qui libère les énergies, où les gagnants gagnent et les perdants perdent, et comme on n'est pas des brutes, on donne aux perdants de quoi survivre... Sur ce point, j'attends les mesures du gouvernement sur la pauvreté, la politique de la Ville, les emplois aidés. L'autre désaccord porte sur la méthode : il n'y a pas de réforme qui vaille si on n'emmène pas les premiers concernés dans cette transformation. Je reconnais que la légitimité suprême appartient à ceux qui ont été élus, et la CFDT ne demande pas à co-gouverner, mais elle exige d'être entendue dans ses propositions.

Mais cela met la CFDT en position difficile, et l'ambiance de votre congrès pourrait en témoigner...

Nous avons un patronat absent, et sur le plan politique un pouvoir central face à deux extrêmes... Face à une situation aussi compliquée, nous pourrions assurer notre unité en tapant sur le pouvoir, le Medef et les autres syndicats, un congrès à la mode CGT. Nous pouvons aussi cultiver la patience, la constance dans la construction de la ligne à travers le débat avec les militants. C'est mon choix, même si c'est plus compliqué : je ne m'attends pas à un congrès aussi agité que celui de Force ouvrière, mais pas non plus à une promenade de santé !

Vous avez décidé de donner les « vrais » chiffres de vos adhérents, à moins de trois semaines de votre 49ème congrès. Pourquoi ?

D'abord pour répondre à un enjeu de transparence qui nous a guidés, par le passé, à publier des comptes certifiés. Cela avait eu un effet d'entraînement pour l'ensemble des organisations syndicales et patronales. Ensuite, pour une question de confiance dans le syndicalisme : on parle généralement de nombre d'adhérents « revendiqués » par les organisations. Il n'est pas illogique que certains en doutent. En présentant des chiffres attestés par des commissaires aux comptes, nous démontrons que nous sommes fiables, sérieux et crédibles. Et nous disons ainsi aux autres organisations, « chiche, allons-y tous ! ». Enfin et surtout, pour nous permettre de renouer le fil de la syndicalisation.

Alors, combien d'adhérents ?

Le nombre d'adhérents à la CFDT en 2017 est de 623 802. Ce nombre servira de valeur étalon pour l'an prochain. Et chaque début d'année, on fera attester par nos commissaires aux comptes et on rendra public le nombre d'adhérents.

Ce nombre, en baisse par rapport aux 860 000 longtemps affichés, va apporter de l'eau au moulin de ceux, notamment dans le champ politique, qui disent que les syndicats ne pèsent rien...

Citez-moi un parti politique en mesure d'afficher 623 000 adhérents attestés... 

Celui qui dirait

« ils n'ont que 623 000 adhérents, donc on peut se passer d'eux »

serait totalement inconséquent. Et je rappelle que le nombre d'adhérents n'est qu'un des éléments de notre légitimité. Il ne faut pas oublier les votes des salariés et la qualité de nos propositions.

REPERES
  • Adhérents
La CFDT compte donc 623 802 adhérents en 2017.
Par grande région, .../... Grand Est : 74 644  adhérents .../...
La  CGT  devait  annoncer  650 000 adhérents pour 2016. Force Ouvrière en avait affiché « environ 500 000 » en 2011. .../...
  • Élections
La  représentativité  est  mesurée depuis une loi de 2008. Résultats 2017 dans le privé :
CFDT : 26,37 %
CGT : 24,85 %
CGT-FO : 15,59 %
CFE-CGC : 10,67 %
CFTC : 9,49 %
Les élections dans la fonction publique se tiendront en décembre.  Résultats du scrutin de 2014 : CGT : 23,10 % CFDT : 19,20 % FO : 18,60 % UNSA : 10,30 % FSU : 8 %