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Laurent Berger : « Les entreprises doivent renvoyer l'ascenseur » ( L'alsace, ER, RL, VM, DNA - Divers / Lu. 6 Mai 2019 )

Publié le 06/05/2019

Interview Laurent BERGER

 logos als dna er rl vm pour portail

La réunion de « mobilisation nationale » de ce lundi court-elle le risque de n'être qu'une grand-messe où « tout le monde s'emmerde », pour citer Jean-Claude Mailly ?
 

« Je me réjouis que le gouvernement accepte de travailler de concert à une sortie de la crise que notre pays traverse. J'avais fait cette proposition en novembre, il n'est jamais trop tard pour bien faire... Maintenant il faut des mesures concrètes, à hauteur de femme et d'homme, comme une prime transport ou des aides à la rénovation thermique des logements, et une perspective de travail sur un pacte productif 2025 afin de s'inscrire dans la transition écologique. La CFDT est décidée à s'impliquer pour faire avancer les propositions du « Pacte du pouvoir de vivre » signé avec 19 organisations. »

Sur la prime transport, par exemple, la décision ne tombera pas lundi ?
 

« Non, mais c'est lundi qu'on peut décider d'aboutir sur la concertation déjà menée sur le sujet. J'attends que le gouvernement nous dise rapidement qu'il rendra cette prime transport obligatoire en l'absence d'accord dans l'entreprise sur les déplacements domicile-travail, pour soutenir les transports doux, partagés. »

On parle de prime transport, prime Macron, baisses d'impôt... Et les salaires ?
 

« C'est une question qui se règle dans les branches professionnelles et dans les entreprises. Mais nous parlerons de la responsabilité particulière des entreprises dans la répartition des richesses créées : leur réponse ne peut se limiter à la pérennisation d'une prime défiscalisée et désocialisée qui risque de prendre sur d'autres éléments de salaire. Nous évoquerons aussi l'encadrement des écarts de rémunération dans l'entreprise, qui n'a pas été suffisamment traité dans la loi Pacte. »

Sur ce point, Emmanuel Macron s'est toujours opposé à une loi...
 

« Force est de constater qu'il y a toujours des abus inacceptables, comme le cas de Tom Enders (Airbus), qui ont un effet catastrophique dans la population entière. La démonstration est faite que l'autorégulation ne fonctionne pas, que le code Afep-Medef ne marche pas. Il est donc temps de passer par la loi. »

Sur l'assurance chômage, la ministre du Travail Muriel Pénicaud dit, dans « Les Échos », qu'il faut revoir les règles de la « permittence » (alternance de contrats courts et de chômage), « qui n'incitent pas au retour à l'emploi »...
 

« Je constate déjà que le gouvernement met du temps à proposer ses solutions. Cela montre que, contrairement aux critiques, ça ne doit pas être si simple que ça... Et je vais être très clair : s'il s'agit de taper sur les demandeurs d'emploi qui sont indemnisés autour de 700-900 euros, qui subissent la précarité à cause des contrats courts que leur font les entreprises, ce sera un motif de désaccord très, très fort avec la CFDT.

Inciter à la reprise d'emploi en durcissant les règles des travailleurs précaires, c'est pour nous hors de question. »

La semaine qui s'ouvre est la dernière de concertation sur les retraites. Mais le président a déjà annoncé qu'il faudrait travailler plus longtemps, jusqu'à 63 ou 64 ans, sous peine de retraite plus modeste...
 

« Il reste beaucoup de questions à traiter, comme la pénibilité, les carrières longues... Nous attendons le rapport de Monsieur Delevoye en juillet, et nous jugerons sur pièces. Simplement, nous alertons le gouvernement : nous ne pourrons pas être d'accord avec l'instauration d'un âge pivot, avec un tour de passe-passe qui allongerait la durée de cotisation sans le dire par un système de décote. »