Le chantier des retraites ( ER, VM - France / Lu. 25 Mars 2019 )
Cette semaine, Emmanuel Macron va s'attaquer à un chantier à haut risque, celui des retraites. Terrain miné donc. Théoriquement, il n'est pas prévu d'envisager un report de l'âge de départ, actuellement fixé à 62 ans.
Le gouvernement sait parfaitement et un sondage vient de le confirmer, les Français y sont hostiles, à l'exception des plus de... 65 ans, qui ne sont plus concernés ! 61 % refusent d'envisager la question, et ils sont 62 % à refuser l'option d'un allongement des durées de cotisation.
Oui mais voilà, il y a quelques jours Agnès Buzin a fait entendre sa petite musique, avant de faire un peu de rétropédalage, histoire de ne pas mettre le feu aux poudres tout de suite. C'était un ballon-sonde, ont pensé certains. En déclarant qu'elle n'était pas hostile à un report, compte tenu de l'allongement de la durée de vie et des retraites qui devenaient de plus en plus longues, la ministre de la Santé n'a fait qu'avancer un argument techniquement parfaitement juste. Mathématiquement imparable, d'autant qu'à la retraite succédera la dépendance...
Sauf que, comme souvent en France, l'irrationnel s'emparent des esprits et les gouverne. C'est que cette fois, avec les gilets jaunes toujours prompts à s'enflammer, et les discussions en cours avec les syndicats, le gouvernement doit faire attention à ce qu'il dit et à ce qu'il ne dit pas. Macron marche sur des œufs, et Jean-Paul Delevoye, haut commissaire à la réforme des retraites s'est retrouvé en position très inconfortable. Lui qui travaille depuis des mois dans la concertation et « la coconstruction » pour dépasser la seule question des 62 ans, a eu du mal à calmer l'ire syndicale après les propos de Buzin.
Il a besoin des syndicats pour régler le plus équitablement possible la question des régimes spéciaux, (42 recensés) et en particulier celui des cheminots auquel le rugueux Martinez (CGT) est attaché. Même Laurent Bergé (CFDT) a prévenu : « Si on touche aux 62 ans l'organisation est mobilisée ».
