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Industrie Mahle Behr : la crainte d'un démantèlement (L'Alsace, DNA - Economie / Sa. 20 Janvier 2018 )

Publié le 23/01/2018

Projets de cession d'activités et de restructuration, présidence assurée depuis l'Allemagne, commandes en berne... Pour la CFDT, tous les voyants sont au rouge chez Mahle Behr qui emploie près de 900 personnes à Rouffach. 

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Mahle Behr à Rouffach n'emploie plus que 791 salariés en CDI. Les salariés du site Mahle Behr de Rouffach entrevoient l'avenir avec beaucoup d'inquiétude. Les syndicats tirent la sonnette d'alarme à tour de rôle. « Mahle est en train de nous faire mourir à petit feu », dénonce Sabine Studer, déléguée  CFDT et secrétaire adjointe du comité d'entreprise. Elle estime qu'aucune perspective n'est offerte aux 791 salariés en CDI, renforcés par une centaine d'intérimaires.
 
« Les salariés n'ont pas cessé de faire des efforts depuis 2013 »
 

Les griefs contre la direction sont nombreux, à commencer par le flou volontairement entretenu, selon la syndicaliste, sur la gouvernance de l'entreprise. « M. Gouth, président jusqu'en 2017, n'a pas été remplacé et ne le sera pas. La maison-mère à Stuttgart téléguide le travail des cadres, qui n'ont plus de pouvoir. » « Comptabilité, achats, ressources humaines... Tout doit être validé par Stuttgart. Nous sommes en sursis et à la moindre défaillance, nous serons condamnés », estime l'élue CFDT.

Une défaillance s'est déjà produite en 2017, lorsque des milliers d'échangeurs électriques destinés à Audi sont revenus pour une qualité défectueuse. « Les intérimaires sont principalement affectés à la fabrication de nouvelles pièces et à leur reconditionnement », assure Sabine Studer, pour qui « l'erreur a coûté plusieurs millions d'euros, voire le bénéfice mondial de Mahle, et surtout entamé notre réputation. Le problème viendrait du fait que Behr n'aurait pas informé Audi du remplacement de l'étain par de l'argent. »

« Restructuration importante » en vue
 

Selon la déléguée syndicale, la révélation de ces pièces défectueuses dans la presse régionale a entraîné une visite de Jörg Bergscheider, haut responsable de Mahle. Au cours d'une discussion, celui-ci a évoqué « une restructuration importante » pour le site. « Un plan social se profile. Il pourrait concerner 160 salariés », estime la représentante du personnel.

Elle rappelle que « les salariés n'ont pas cessé de faire des efforts depuis 2013, date du premier accord de compétitivité que la CFDT a signé à contrecoeur et qui a débouché sur un gel des salaires de trois ans et des pertes de jours de RTT ». « Après l'accord mobilité emploi de 2013, justifié par l'absence de nouveaux projets et une compétitivité insuffisante, un plan social, que la CFDT n'a pas signé, s'est soldé par plus d'une centaine de départs ; les derniers interviendront en mars. Et comme nous n'avons pas obtenu de nouveaux projets, qui partent tous chez notre concurrent Valeo, nous sommes très inquiets. »

Les représentants du personnel sont d'autant plus pessimistes que des activités non rentables pourraient être vendues. C'est le cas de la fabrication des corps de chauffe, des radiateurs, coupe-tubes Burger et pièces de rechange. « Il ne restera que l'activité climatisation sur laquelle nous n'avons pas obtenu de nouveau projet depuis des années et l'activité PTC de chauffages additionnels qui ramène du chiffre d'affaires mais est le secteur le plus robotisé. En comptant le bureau d'études, le secteur PTC emploie au plus 300 personnes », selon Sabine Studer.

Le site de Rouffach est le seul à produire des chauffages additionnels au sein du groupe. « Mais nous sommes presque en saturation. Et si nous demandons une nouvelle ligne, le risque est qu'elle soit installée ailleurs et qu'un jour, toute l'activité déménage », assure la déléguée CFDT.

Faute d'information et de perspectives à moyen et long terme, le pessimisme prévaut sur le site de Rouffach qui, il y a quatre ans, employait plus d'un millier de salariés. « Le plus grave est que la direction commence à vendre une partie de l'atelier. Pas de nouvelles commandes, pas de dialogue social... Cela prendra plusieurs années mais à terme, je perçois malheureusement une volonté de fermer », conclut Fabien Pernot, secrétaire général du syndicat CFDT Métaux du Haut-Rhin.