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Sept semaines de grève qui ont marqué leur vie ( DNA / JEUDI 12 SEPTEMBRE 2019)

Publié le 12/09/2019

Christophe Dominguez a chèrement payé les sept semaines de grève qui ont marqué le site de Peugeot Mulhouse en septembre et octobre 1989. Si le ministre du Travail a refusé la demande de licenciement de la direction, sa mise au placard provoquera son départ deux ans plus tard.

Révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours !.../... avec son ami René Cristante, autre délégué CFDT à l'époque, il évoque cette grève de sept semaines à Peugeot Mulhouse dont il fut, au final, la seule victime.

Car si les provocations ont été légion, ce conflit n'a jamais dégénéré dans la violence. C'est pourtant pour des accusations d'agression à l'encontre d'un agent de maîtrise, au moment de la reprise du travail, que Christophe Dominguez fut mis à pied par la direction de Peugeot Mulhouse, ../...

« Un chef d'équipe m'a interdit d'entrer dans l'atelier. Or, j'étais élu au CHSCT et j'étais dans mon bon droit. Il y a une bousculade et tout est parti en vrille. C'était une vengeance pour faire capoter la fin de la grève », estime Christophe Dominguez qui a été réintégré, avec rappel de salaire, après trois semaines de mise à pied et un débrayage, en guise de solidarité, de 600 salariés.

Lambada vs « L'Exorciste »

Après son retour, il est mis au placard .../...

Christophe Dominguez n'a cependant rien oublié de cette grève. Et surtout pas cette tentative de corruption : « Lors de l'occupation de la forge, le directeur parvient à me prendre à part et me dit : "Si tu fais arrêter la grève, se présentera la possibilité d'être chef d'atelier en câblerie." Je lui ai dit : "Retournez à votre match de foot et moi à la paella à laquelle vous n'êtes pas invité avec les copains." »

René Cristante et Christophe Dominguez ont aussi en tête ces messages de solidarité venus du monde entier, de l'autre côté du Rhin via IG Metall et même du Japon. Et puis, cette grève a pour eux un hymne officieux : la Lambada. « Pendant deux nuits, la direction nous a diffusée par haut-parleur la musique du film L'exorciste. Nous, on faisait résonner la Lambada. « Chaque fois que j'ai ensuite entendu cette chanson, j'ai repensé à la grève », sourit Christophe Dominguez. Sans rancune aucune.