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Aquarius, Une solution qui doit être l'amorce d'un accord européen sur les migrations

Publié le 16/08/2018

Le 15 août après-midi l’Aquarius, avec à son bord les 141 migrants secourus en mer, a pu accoster à Malte. Après plusieurs jours en quête d’un port d’accueil, ce sont finalement 5 pays (la France, l’Allemagne, le Luxembourg, le Portugal et l’Espagne) qui ont accepté d’accueillir les 141 nouveaux arrivants (pour la moitié mineurs et pour plus d’un tiers des femmes) en plus des 114 déjà arrivés à Malte ce lundi. La CFDT se réjouit qu’une solution ait pu être trouvée, permettant aux rescapés d’être débarqués dans un lieu sûr où leurs besoins fondamentaux seront respectés et où ils seront à l’abri d’abus, tel que le prévoit le droit maritime international.

Pour autant, comme le souligne le haut-commissaire des Nations unies pour les réfugiés, il est urgent de sortir des approches « bateau par bateau » où, pendant que les gouvernements négocient du bout des lèvres l’accueil de quelques dizaines de migrants, ceux-ci restent en mer alors qu’ils devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge complète qui dépasse les moyens d’un navire humanitaire.

Les situations comme celle-ci sont le résultat de plus de 20 ans de l’approche européenne en matière de migration : le système Dublin. A force de ne pas en faire un dossier prioritaire, pensant que tout était sous contrôle, les gouvernements européens n’ont pas anticipé la situation de 2015 et restent aujourd’hui tétanisés par la peur, ne nous offrant rien d’autre qu’une Europe sans boussole et sans réelle volonté. La CFDT demande que cette solution pour l’Aquarius soit une première étape vers un accord révisant le système de Dublin et créant une agence européenne de l’asile indépendante. Sans cela, nous nous condamnons à revivre ces crises politiques à chaque fois qu’un sauvetage aura lieu.

Les Etats qui font l’Union Européenne doivent une bonne fois pour toute s’y atteler et clarifier ce qu’appartenir à l’UE veut dire en termes de valeurs. Les enjeux sont immenses pour l’Europe, mais aussi pour notre relation avec le continent africain.

Enfin, s’il fallait encore ôter un doute sur le prétendu « appel d’air », 720 personnes sont mortes dans les eaux de la Méditerranée pendant les deux mois où aucun navire humanitaire n’y a navigué. Les migrants tentent la traversée qu’il y ait des bateaux de sauvetage ou non. Nous devons permettre aux acteurs humanitaires de faire leur travail, et nous devons définir une politique migratoire européenne digne et durable.

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