Gestion de pandémie : coup de gueule du syndicat Alternative Police CFDT

Publié le 27/03/2020

Nous sommes en danger, abandonnés. Nous sommes les « cocus » de la république !

C’est en ces termes que s’exprime Sylvain, délégué syndical CFDT à la police national du Bas-Rhin.

Manque de moyen de protection, réquisition du peu restant, les agents des forces de l’ordre sont « à poils » pour exercer leurs missions. Ils se retrouvent une nouvelle fois en première ligne et sans moyen efficace, pour gérer la crise du coronavirus. Entre les difficultés et le manque de moyen du quotidien, se rajoute cette période de panique générale.

Pour le syndicat Alternative Police CFDT, l’administration est dépassée par la gestion de la crise actuelle :

« Rien n’est fait. Enfin si ! Beaucoup de consignes verbales et écrites, mais sans moyen. »

Depuis fin janvier, le syndicat Alternative Police CFDT a alerté l’administration sur le manque de moyen de protection des agents des forces de l’ordre. Après de multiples relancent, ce n’est que fin mars que les agents se sont vu livrer du matériel dont des masques de protections. Aussitôt, ce matériel a été réquisitionné pour être mis à la disposition du personnel soignant en priorité.

«  Notre colère n’est pas fondé sur la mise à disposition du matériel pour le personnel soignant mais sur le manque de moyen et de considération à l’égard de notre fonction. Nous même, nous menons des actions pour récupérer du matériel auprès des entreprises ou des citoyens. A ce jour, nous avons récupéré 8 000 masques rien que sur le Bas-Rhin. Une partie a été remise à l’ARS (Agence Régionale de la Santé), une autre partie est mise à la disposition de nos collègues des commissariats et de la police aux frontières sur la région Grand Est. 30 000 autres masques, qui dataient de la grippe H1N1 de 2000, ont été mis à disposition par l’administration, à l’ARS également. Le syndicat Alternative Police CFDT s’est également mis en relation avec le syndicat CFDT Santé Sociaux, à qui sera remis directement le matériel récolté.

De toute manière, les agents de police ne sont pas autorisés à porter des moyens de protections, ni dans les locaux clos accueillant du public, ni sur la voie publique. Pourtant, dans le sas d'accueil des commissariats, nos collègues sont confrontés directement à un public qui pourrait être à risque. Pourtant, l’administration considère qu’il n’y a pas de risque sauf, si l’on a une suspicion sur une personne. On nous demande de distinguer les symptômes menaçant. Nous ne sommes pas médecin !

Le syndicat a obtenu une autorisation d’absence pour les agents atteint de symptômes grippaux qui doivent rester chez eux par précaution, suite à la demande d’un CHSCT extraordinaire. Même pour ça, c’était le flou artistique ! La gestion de crise en France est très problématique. Des informations papier circulent partout, mais dès qu’un cas concret se présente, il n’y a plus aucune consigne ! » précise Sylvain.

« Nous sommes en première ligne et pourtant nous ne faisons pas partie de la population prioritaire pour se faire dépister. Les agents qui sont atteint du Covid-19 et qui auront des complications par la suite, comment vont-ils être prise en charge ? Va-t-on leurs reconnaitre comme maladie professionnelle ? Pour l’heure, le jour de carence pour maladie a été levé, suite à la pression de l’UFFA CFDT (Union des Fédérations de Fonctionnaires et Assimilés).

Le syndicat CFDT réclame que des mesures concrètes soient prises pour protéger les agents : des lingettes désinfectantes pour nettoyer l’intérieur des voitures de police ou le matériel informatique qui est utilisée par plusieurs personnes. Des nettoyages de locaux plus régulier et avec des produits adéquats. Mais aussi l’acquisition de thermomètres électroniques pour les accueils et les agents gérant les gardes à vue pour prévenir le moindre risque d’infection.

Mais la réponse de l’administration n’est pas à la hauteur de cette pandémie.

Le quotidien de la police est déjà suffisamment difficile à gérer et cette crise n’arrange rien.

Au niveau syndical, quand on soumet nos propositions à l’administration, celle-ci tombe littéralement de la lune.

Elle donne l’impression de n’avoir pensée à rien ! Si demain nous devions réellement être en guerre, nous serions totalement désarmés ! La gestion des stocks est catastrophique, la lenteur administrative est déconcertante », termine Sylvain.