Malaise à l'INRS : cure de minceur en vue ( Rl - Région / Di. 26 Novembre 2017 )

Publié le 27/11/2017

Moins 20 % sur le budget de fonctionnement et coupe de 10 % des effectifs. C'est ce qui est redouté à l'Institut national de recherche et de sécurité de Nancy.

 

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Ils travaillent sur les troubles musculo-squelettiques, sur l'amiante, la dissémination des nanoparticules dans l'air ambiant, l'ubérisation galopante, la cohabitation du salarié avec les robots, les addictions dans le travail, le burn-out ou encore le bore-out.

L'Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) est peu connu du grand public. Mais ses travaux, recherches, préconisations sont applicables dans tous les champs de la société du travail en France. Dans quelques jours, l'INRS, qui est constitué de deux établissements (Paris et Vandoeuvre), où se trouvent 200 chercheurs et leurs laboratoires, sera fixé sur son sort.

Une réduction importante des moyens alloués par la Cnam à cet établissement qui compte 570 salariés est envisagée. « Les mesures annoncées laissent craindre une amputation du budget de 20 %, et une réduction de l'effectif de 10 %. En clair, ce serait 18 millions d'euros de moins, et la perte de 57 postes d'ici quatre ans », déplore Christian Darne, délégué syndical central CFDT à l'INRS.

Comme tous ses collègues, ce chercheur vit très mal la menace de réduction de la voilure à l'INRS, « à un moment où justement il faudrait créer de nouveaux postes car la demande en sécurité du travail augmente. Le rattachement du RSI au régime général de la Sécu va faire entrer deux millions de personnes dans ce dernier dispositif. Ce sont des catégories nouvelles de travailleurs indépendants, avec une typologie d'entreprises et de risques particuliers. C'est contradictoire avec les discours qui répètent qu'il faut faire plus de prévention, ce que nous nous appliquons à mettre en oeuvre, justement ! »

En 2013 déjà, une cure de minceur avait été imposée à l'INRS. Les manifestations et protestations n'y avaient rien fait. Le budget avait été amputé de 10 % et 30 postes avaient été supprimés. En fait, des départs à la retraite non compensés. « Ici les gens sont très spécialisés. Un chercheur en mécanique ne peut pas aller sur la toxicologie », poursuit Christian Darne.

Actions spectaculaires
 

L'opposition manifestée par le personnel à ces coupes avait valu à l'INRS un petit cadeau inattendu : un audit approfondi de l'Inspection générale des Finances et de l'Inspection générale des affaires sociales. Un mal pour un bien, car cette inspection s'était soldée par... aucune remontrance. La maison INRS est bien gérée, sans gaspillage de l'argent public, et ses missions parfaitement remplies.

Le serrage de boulons de 2013 n'a apparemment pas suffi, puisque l'histoire se répète cette année. Les salariés n'entendent pas rester les bras ballants face à la menace. Ils ont déjà alerté les élus du territoire lorrain et préparent quelques actions spectaculaires.

Fragiliser un outil d'excellence leur apparaît paradoxal à l'heure où la santé au travail, les risques psychosociaux, les polluants, les risques chimiques ou les cancers professionnels, pour ne citer que cela, font la une de l'actualité chaque semaine.