Education nationale en grève le 13 janvier : les raisons de la colère (Sgen-CFDT Alsace / Mercredi 12 Janvier 2022)

Publié le 14/01/2022

Absences des élèves et des enseignant·e·s, manque important de remplaçant·es et de personnels, absence quasi totale de mesures concrètes de protection pour les personnels... cette rentrée de janvier 2022 est la plus chaotique que nous ayons connue depuis le début de la crise sanitaire il y a 2 ans.

Le SGEN-CFDT ALSACE a appellé à la grève le 13 janvier 2022

Après en avoir débattu, notre conseil syndical s’est prononcé à une large majorité pour que le Sgen-CFDT Alsace s’associe au mouvement de grève le jeudi 13 janvier 2022.

Comme nous l’avons fait lors de l’alerte sociale déposée mi-décembre 2021, puis lors des différentes instances qui se sont tenues la semaine de la rentrée (voir par exemple cet article des DNA), nous demandons à notre employeur de soutenir et de protéger les personnels de l’Académie de Strasbourg.

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Lire le communiqué de l’intersyndicale du Bas-Rhin.

Lire la lettre de soutien à la grève du 13 janvier des syndicats alsaciens de personnels de direction.

ENCORE UNE GRÈVE ?

Au Sgen-CFDT Alsace, nous portons un regard lucide et mesuré sur la grève. Nous avons inscrit dans notre résolution : « L’appel à la grève n’est pas un moyen d’action privilégié en soi. Nous appellerons à la grève lorsque nous estimerons qu’elle est de nature à peser significativement sur le cours d’un processus de négociations. » .

Il nous semble que la situation, aujourd’hui, est devenue intenable et que le ministère reste sourd à nos appels et à la plupart de nos propositions. Les personnels sont épuisés, exaspérés et se sentent méprisés. Appeler à la grève nous semble donc aujourd’hui une nécessité.

GRÈVE DU 13 JANVIER : POURQUOI LE SGEN-CFDT ALSACE REJOINT-IL LE MOUVEMENT ?

DES ABSENCES QUI SE MULTIPLIENT PARTOUT 

A quelques jours de la rentrée de janvier 2022, le Sgen-CFDT Alsace constate que les établissements et les écoles de l’Académie ont de plus en plus de mal à fonctionner et ne voit pas comment cette situation pourrait se poursuivre très longtemps. En effet, les absences se multiplient partout sur le territoire : dans les collèges du Bas-Rhin, 10 à 20% des personnels étaient absents dès le jour de la rentrée, et cette proportion a tendance à augmenter depuis. De plus, une forte proportion d’élèves est bien sûr aussi absente et ne peut suivre les cours. Cela pose la question de la tenue des examens selon les modalités prévues, notamment pour ce qui concerne le baccalauréat.

DES PERSONNELS LIVRÉS À EUX-MÊMES

En ces premiers jours après la rentrée de janvier 2022, les personnels se retrouvent souvent démunis pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions sanitaires et de sécurité : un système, déjà à bout de souffle en temps normal, a trouvé ses limites depuis que la crise sanitaire a débuté et ne tient plus que par l’engagement d’agents qui ne se sentent, le plus souvent, pas soutenus par leur employeur ! La colère monte partout devant le mépris affiché chaque jour par celui qui devrait avoir à cœur de les soutenir et de les protéger, mais qui préfère passer son temps à communiquer et à pavoiser dans les médias sur son extraordinaire bilan de ministre de l’Éducation Nationale…. La situation devient explosive dans de nombreux établissements et de nombreuses écoles !

rentrée de janvier 2022DES REVENDICATIONS NON SATISFAITES DEPUIS DEUX ANS !

Depuis le début de cette crise, nous n’avons cessé d’alerter notre employeur sur les difficultés rencontrées ; nous avons proposé des solutions ; nous avons été écoutés mais presque jamais entendus ; nous avons encore moins vu les choses changer sur le terrain !

En cette rentrée de janvier 2022, nous réitérons donc ici des demandes simples et raisonnables, qui seraient à même de permettre l’accueil des élèves dans de bonnes conditions, ainsi que de protéger et soutenir les personnels de l’Éducation Nationale de l’Académie de Strasbourg.

LE SENTIMENT D’ÊTRE MÉPRISÉS

  • Que le ministre cesse de traiter les personnels dont il a la charge par le mépris et de mentir à l’opinion publique ! Dernier exemple en date, son mensonge en direct sur France Inter via le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal, le lundi 3 janvier : non, les directeurs et directrices d’école et les chefs et cheffes d’établissement n’ont pas été prévenu·e·s avant la presse de la mise en place du nouveau protocole ; ils ont reçu un mail un peu avant minuit, la veille de la rentrée, avec des mesures censées s’appliquer immédiatement… Encore hier, Jean-Michel Blanquer a affirmé que les enseignant.e.s étaient bien protégé·e·s et qu’ils·elles étaient même moins contaminé·e·s que d’autres, ce qui est évidemment faux !

GRÈVE DU 13 JANVIER : CE QUE LE SGEN-CFDT ALSACE REVENDIQUE…

DES PERSONNELS ENFIN VRAIMENT PROTÉGÉS

  • La fourniture de masques FFP2 ou à tout le moins chirurgicaux pour tous les enseignants qui le demandent : les masques en tissu qu’on nous livre sont peu adaptés pour faire cours et ne sont utilisés que par une petite minorité des enseignants (20% selon l’enquête du CHS-CTD du Bas-Rhin). Les autres (80%) achètent sur leurs propres deniers les masques dont ils ont besoin. Cela est inadmissible et dure depuis deux ans, malgré nos relances à tous les niveaux du système éducatif !
  • La mise en place dans toutes les classes de capteurs de CO2 et de purificateurs d’air. Actuellement, dans le département du  Bas-Rhin, selon une enquête du CHS-CT, 407 capteurs de C02 ont été mis en place (dont 98 pour la seule école européenne !!!), et 32 purificateurs d’air ; cela pour les 601 écoles, 62 collèges et 29 lycées ayant répondu à l’enquête ! Des chiffres totalement dérisoires et de plus, injustes dans leur répartition !

 

rentrée de janvier 2022METTRE EN PLACE DES MOYENS HUMAINS

La crise que nous traversons aujourd’hui n’est pas seulement liée à la Covid-19 : elle est le résultat d’un sous-investissement durable et important dans les moyens de remplacement. C’est pourquoi nous réclamons toujours et encore :

  • La mise en place de moyens humains pour accueillir, surveiller et accompagner les enfants des classes dont le professeur est absent le matin à 8h00, et qui ne peuvent être répartis dans les autres classes des écoles.
  • Le recrutement immédiat de professeurs des écoles remplaçants, par exemple par l’ouverture de la liste complémentaire, ainsi que l’embauche de contractuels dans le second degré.

 

COMMUNIQUER, CLARIFIER ET ANTICIPER : MISSION IMPOSSIBLE À L’ÉDUCATION NATIONALE ?

A tous les niveaux, notre institution doit revoir sa communication sur le télétravail des administratifs, les cours hybrides ou à distance des enseignants. Cela passe notamment :

  • Par une large mise en place du télétravail pour les personnels des services du rectorat de l’Académie de Strasbourg.
  • Par un rappel clair et net à l’ensemble des agents et des usagers de l’école que les enseignants et les enseignants n’ont pas à faire de double journée : s’ils sont en classe, il n’ont pas à assurer des cours en distanciel !
  • Si les écoles et les établissements devaient rester ouverts avec un grand nombre d’élèves absent·e·s, il est nécessaire de s’occuper d’eux ! Pourquoi n’a-t-on pas recruté depuis deux ans des enseignants capables d’assurer un minimum de suivi et de cours à distance pour les élèves devant rester chez eux ? Ce manque de souplesse et d’inventivité est sidérant !
  • De même, on aurait pu commencer à équiper les classes en matériel permettant aux élèves devant rester chez eux d’assister au cours en visioconférence. Rien n’a été fait sur ce plan-là.
  • Nous n’avons même pas encore la garantie que les enfants d’enseignant·e·s pourront être accueillis dans les centres qui vont être mis en place pour les enfants de soignant·e·s !