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INTERVIEW DE LA SECTION GLANZSTOFF (Magazine Fédération Chimie Énergie)

Publié le 02/11/2023

La MAG FCE a rencontré la section Glanzstoff, à Longlaville en Lorraine, suite à la mobilisation exemplaire du 2 mai 2023. Abdelkader, délégué syndical, nous raconte...

SOLIDARITÉ COLLECTIVE : UNE CFDT DÉTERMINÉE, À LA HAUTEUR ET RECONNUE À LONGLAVILLE, EN LORRAINE !
 
Dans l’entreprise Indorama Ventures, anciennement Glanzstoff, la CFDT a eu raison du management à l’américaine imposé par la direction.
Abdelkader, délégué syndical, nous raconte ce mouvement exemplaire.
 
MAG FCE : BONJOUR ABDELKADER, PEUX-TU NOUS PARLER DE TON ENTREPRISE ET DE L’AMBIANCE AVANT VOTRE MOBILISATION.
L’entreprise est dans la branche Chimie, et on fabrique des fibres synthétiques. Il y a un peu plus de 200 salariés. L’ambiance était vraiment mauvaise. Des conditions de travail difficiles, du manque de personnel, et un besoin de reconnaissance pour les salariés amplifié par l’inflation importante. Dans ce contexte, une direction complètement fermée au dialogue, avec une culture américaine de management. En gros, pas de place pour les représentants du personnel.
 
MAG FCE : QUEL EST L’ÉVÉNEMENT QUI A DÉCLENCHÉ LE CONFLIT ?
Les NAO. Contrairement à ce que la
direction affirmait, l’entreprise avait les moyens de donner à la hauteur de l’inflation, et aidés par notre expert en économie, nous le savions. Cependant, très vite, dès les premières négos, nous avons compris que nous ne serions pas entendus.
Nous avons revendiqué 200€ d’aug
mentation mensuelle, la direction nous a proposé 2,5 % au mérite. On lui a donc clairement dit que ça n’allait
pas le faire. Nous avons construit nos
revendications avec les salariés, en leur soumettant plusieurs sujets, et la proposition de la direction a clairement fait basculer la situation. C’était franchement de la provocation. Nous l’avions pourtant prévenue, mais...
 
MAG FCE : COMMENT AVEZ-VOUS CONSTRUIT VOTRE RAPPORT DE FORCE ?
Déjà, nous sommes une équipe au
contact des salariés en permanence. On a des groupes Facebook, WhatsApp et Snap donc niveau com’, ça
roule à tous les niveaux. On a contacté
la presse, les élus locaux pour évoquer la situation et mettre la pression sur la direction. Cela n’a pas suffi, et la grève, nécessaire, a été lancée le 2 mai.
 
MAG FCE : ET COMMENT ÉTIEZ-VOUS SÛR QUE CELA ALLAIT PRENDRE ?
Déjà, nous avons regardé la météo,
et le 2 mai, il faisait beau, ensuite nous savions que les salariés étaient motivés. En même temps, la direc-
tion nous a aidé avec une communi
cation qui ne pouvait que mobiliser les salariés (rire). Nous avons mobilisé tout le réseau CFDT, le camion CFDT, la sono, le barnum, le boucher du coin, le Syndicat, forcément, tout était prêt et opérationnel. Et les salariés étaient bien au rendez-vous, avec une superbe équipe CFDT sur le pont pour faire le job.
 
MAG FCE : ET COMMENT A RÉAGI LA DIRECTION FACE À CETTE MOBILISATION ?
Silence radio, pas d’avancée, ni même
d’ouverture. La presse était là tous les jours et elle nous a bien aidés. La seule réaction a été l’envoi des
huissiers. Heureusement, Manu, le SG
du Syndicat, était toujours en lien avec nous par téléphone, c’est rassurant dans des situations un peu compliquées, il ne faut pas faire n’importe quoi.
 
MAG FCE : A QUEL MOMENT LA SITUATION A-T-ELLE BASCULÉE ?
Quand nous avons décidé de prendre
contact avec le directeur Europe. Nous lui avons raconté comment nous en étions arrivés là et, finalement, la négociation a abouti à 181 € pour tous, 217 € pour les postés.

MAG FCE :
C’EST, JE PENSE, UNE BELLE EXPÉRIENCE, MAIS SI TU DEVAIS RETENIR QUELQUE CHOSE DE CETTE MOBILISATION, CE SERAIT QUOI ?
Il y a plusieurs choses, déjà une ving
taine de salariés ont adhéré sur cette période, nous nous rapprochons de 50 % de salariés syndiqués à la CFDT, c’est une belle reconnaissance. Ensuite, j’ai deux mots, la solidarité et l’équité. Solidarité entre les militants, les salariés de l’entreprise et de celles voisines, les commerces et les habitants. Equité, car l’accord obtenu est juste et reconnu par tous les salariés, y compris les cadres de l’entreprise. C’est une vraie belle aventure humaine et collective !