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La CFDT Grand Est appelle à rétablir une « démocratie de la santé » (L'Est Républicain / Vendredi 7 Juillet 2023)

Publié le 29/08/2023

Les inégalités d’accès aux soins se creusent. La CFDT réclame plus de justice médicale. Elle vient d’adresser sa contribution au plan sanitaire que l’Agence régionale de santé (ARS) Grand Est est en train d’élaborer et doit rendre dans les prochains mois. Au coeur de ce rapport, le rétablissement d’une « démocratie de la santé ».

Le schéma régional de santé est en cours d’élaboration. Les concertations se sont terminées le 27 juin. .../.... Copie rendue, il fixera pour les quatre prochaines années, l’organisation sanitaire de la région. Cette feuille de route couvrant tous les domaines de la santé bénéficie également d’apports des partenaires sociaux.

La CFDT Grand Est vient ainsi de rendre publique la contribution qu’elle a adressée à l’ARS le 27 juin.

Ce lundi 3 juillet, Dominique Toussaint, secrétaire général de la CFDT Grand Est, et Patricia Hacquard, secrétaire régionale en charge de la protection sociale, ont dévoilé les conclusions d’un travail collectif approfondi. De ce document de treize pages, il ressort plusieurs propositions visant à faire évoluer la prise en charge médicale des populations et à réparer un système de santé grippé.

« On est dans une situation qui se détériore, constate Dominique Toussaint. Ce qui nous préoccupe surtout, c’est l’inégalité d’accès à la santé, au sens large. On a vu une progression du phénomène. Aujourd’hui, se surajoute à cela, et de façon massive, la problématique des postes vacants et du manque d’attractivité des métiers du soin. »

Spirale du déclin

Une spirale du déclin qui accentue les fractures sociales et sanitaires puisque sans médecin, pas de soins. La CFDT estime, donc, qu’il est urgent d’engager des réformes à l’échelle locale tant sur la gouvernance des politiques de santé, que sur la prévention, la formation, les conditions d’accueil des soignants et l’intégration des besoins des usagers.

Au centre de ses préoccupations, cette rupture avec le soin dont souffre une part de la population régionale située dans des déserts médicaux :

« D’abord, une partie de la solution est dans la prévention. Ensuite, on propose d’examiner les « résumés de passage aux urgences » pour comprendre les raisons d’une entrée dans le soin par cette porte. Cet indicateur, pour nous, doit être une base de travail pour corriger les problèmes d’accès aux soins non programmés, notamment. »

Le mur du grand âge sera difficile à franchir sans médecin, sans infirmiers, sans aides-soignants…

Autre sujet d’inquiétude : le vieillissement des médecins, en particulier des libéraux. En 2021, 45 % d’entre eux (8 010) avaient plus de 55 ans. Ils auront donc 65 ans en 2031 à un moment critique. Selon les projections de l’OREF (Observatoire régional de l’emploi et de la formation) Grand Est, un quart des habitants de la région aura dépassé les 64 ans à cette date et près de 175 000 personnes âgées auront basculé dans la dépendance..../...

« Un observatoire de la démocratie en santé »

« Le débat sur l’attractivité des territoires se focalise beaucoup sur les incitations financières, note Dominique Toussaint. Or, quand on interroge les  professionnels, cela ne fait pas tout. Ils réclament de bonnes conditions d’exercice. On ne peut demander aux médecins d’être les derniers présents dans des territoires vidés de tout. Il faut penser l’aménagement des territoires, notamment ruraux, dans leur globalité. Et pour cela, il faut qu’il y ait une collaboration réelle entre les départements et l’ARS. »

Selon Patricia Hacquard, il « faut aussi faire confiance aux professionnels de santé et leur laisser le temps de construire des projets locaux ».

« La question du projet médical sur un territoire est encore à bâtir », insiste Dominique Toussaint qui plaide pour la création d’un « observatoire de la démocratie en santé » chargé d’évaluer « l’effectivité du droit des usagers ». .../....