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A Mulhouse, l’intersyndicale 68 appelle à être encore plus nombreux lors de la manifestation du 31 janvier (Alterpresse68 / 27 Janvier 2023)

Publié le 30/01/2023

Alors que 80% des Français sont opposés à la réforme des retraites, l’intersyndicale 68 s’est réuni le 25 janvier dans les locaux de l’Union départementale CFTC de Mulhouse .../...

L’intersyndicale se présente comme un point d’appui et une force qui redonnerait confiance aux salariés (ainsi qu’aux non-salariés) présents dans les manifestations. 

Les principaux responsables et secrétaires départementaux du Haut-Rhin y ont multiplié les salves à l’encontre du projet gouvernemental de réforme des retraites. 

Certains, parmi les syndicats supposément arrangeant avec de précédentes réformes gouvernementales, semblant même se radicaliser à la faveur d’une situation économique et sociale dont ils ne comprennent manifestement plus les contours, ni même l’orientation… 

  • Jacques RIMEIZE (Force Ouvrière) rappellera que l’unité nait de l’absence de justification de la réforme, car il n’y a pas de déficit des caisses de retraite. .../....

Le secrétaire de son Union départementale souligne que la pyramide des âges produira des cohortes de retraités qui partiront de moins en moins nombreux en ayant suffisamment cotisé.

C’est donc une sorte de double peine qui prévaudra, puisque les nouvelles générations ne justifieront pas des carrières à taux plein et, ce faisant, bénéficieront de niveaux amputés de retraite. La perversité et l’iniquité de la réforme réside dans ces injustices, alors que les générations du baby-boom s’éteignent en tant que classe d’âge active. 

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Comment comprendre alors que l’État, lequel a reversé 3,5 milliards d’euros d’aides aux entreprises dans le seul département du Haut-Rhin, ne saurait trouver 12 milliards au niveau national, d’ici 2030 ?

La moitié des personnes qui sollicitent leur retraite ne sont plus en situation d’emploi. On aggrave alors la capacité à accéder à ce droit social fondamental. De sorte qu’après 60 ans beaucoup de retraités en devenir basculeront d’abord dans le chômage, le RSA, ou l’invalidité. Ils pèseront alors sur d’autres régimes de la Sécurité sociale ou sur les comptes de l’Assurance chômage. 

 .../.... , les exonérations sociales se sont multipliées, créant un rétrécissement de l’échelle des salaires. Un seul exemple : un ouvrier de l’automobile allemand gagne 25% de plus qu’un français, à travail égal… 

  • Nathalie KERN (Confédération Générale du Travail) soulignera que le déficit du régime des retraites pourrait attendre 12 milliards d’ici quelques années, soit 3% du budget global. Ces 3% pouvant être comblés de diverses manières. Elle rappelle par ailleurs que l’intersyndicale nationale a constitué une pétition en ligne, riche de près de 800 000 signatures à ce jour, depuis un peu plus de 2 semaines. 

Elle rappelle que les emplois précaires et à temps incomplet sont majoritairement occupés par des femmes, et que les choses risquent de ne pas aller en s’améliorant pour beaucoup de gens : le pouvoir d’achat est malmené. Toucher aux retraites est donc insupportable. .../...

  • Antoine DUGO (Confédération Française Démocratique du Travail) notera la force de l’intersyndicale sur le dossier des retraites, alors qu’il est promis d’allonger la durée de cotisation à 64 et 65 ans, provoquant alors le front syndical unitaire. L’effort financier est porté sur les salariés les plus précaires. Les deux dernières réformes axant déjà l’essentiel des efforts financiers sur les salariés ou sur les demandeurs d’emploi. La population en a ras le bol de ces procédés. Et le représentant de la CFDT réclame le retrait pur et simple du projet.

Pour lui, le Président Macron est dans une position de défiance vis à vis des corps intermédiaires. Il n’y a aucun respect, et l’homme parait dédaigneux. Pas seulement à l’endroit des organisations syndicales, mais des Français en général. Avec par exemple des ministres qui racontent n’importe quoi.

Le tout, alors que le Président de la République disait en 2019 avoir conscience des difficultés des salariés passé un certain âge, et promettait de ne pas toucher à l’âge de départ. Les salariés ont été floués sur la parole donnée, ce qui justifie d’autant plus le mouvement social. Un homme politique doit être un homme de confiance, et aujourd’hui celle-ci est totalement perdue.

Si les représentants de l’État sont responsables, les employeurs le sont également, car ils licencient pour inaptitude et souvent pour une inaptitude non professionnelle. Ils ajoutent encore aux difficulté des salariés qui attendent de percevoir une retraite, et cela prolonge leur situation de précarité. 

Les contribuables n’ont pas à payer les effets des maladies professionnelles. Il faut tout revoir et faire payer les entreprises, ainsi que les bénéfices issus du capital. C’est un choix de société qui prend du temps à se construire.

Ceux qui paieront les conséquences de cette réforme sur l’âge de départ sont ceux qui ont commencé tôt. Et les jeunes qui ont démarré tard n’auront pas les 43 ans de cotisation. Le travail, et le sens donné au travail doit être interrogé en tant que tel, au-delà du problème de l’âge.

Pour le responsable du syndicat réputé le plus influent auprès du gouvernement, l’appel unanime de l’intersyndicale est de venir plus nombreux à la manifestation mulhousienne. Il faut montrer à ce gouvernement que l’on ne fait pas ainsi du dialogue social dans ce pays.

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Si le débat démocratique ne vit plus, on peut craindre le pire politiquement. Car c’est toute la mondialisation qui apparait aujourd’hui pour n’être plus qu’une impasse. Il faut profiter de ce moment de bascule pour repenser le système économique national, et remettre de l’activité au cœur. Le travail constituant aussi du lien, pour peu qu’il soit qualitatif.

Il faut quelqu’un pour changer la donne économique. Si ce n’est pas « la rue qui commande » comme aime à le répéter les ministres de Macron, il s’agit bien d’écouter le peuple qui n’en peut plus !

Pour le représentant CFDT, que le gouvernement cherche à fracturer le front syndical n’y changera rien : ça restera non à 64 ou 65 ans. Et cela ne s’arrêtera pas là. Au-delà de ce projet, il faudra stabiliser socialement le pays.

Les jeunes ne doivent pas tomber dans le fatalisme, s’agissant de la préservation du système de retraites. Il faut croire qu’un changement positif est possible. Et ce n’est pas la solution présentée par le gouvernement qui permettra de procurer une retraite digne pour tout le monde, surtout les plus fragiles, selon le représentant syndical.

  • Christophe ANSEL (Fédération Syndicale Unitaire) ajoutera que pour les enseignants, l’allongement de la durée s’ajouterait à la détérioration des conditions de travail. Cette réforme est une provocation de trop. Le gouvernement prétend recevoir tout le monde, mais tout est décidé par avance. Cette pratique provocatrice contribue à consolider l’intersyndicale, et incite de nombreuses personnes à venir grossir le rang des manifestants.
  • Pour Michel CORRIAUX (Confédération Française de l’Encadrement – Confédération Générale des Cadres), le gouvernement a réussi l’exploit d’unir toutes les organisations syndicales. Une réforme qui est manifestement constituée pour des faire des économies et réduire les dépenses qui n’ont en fait rien à voir avec les retraites. Le tout sans méthodologie, ni concertation, et par un groupe de responsables publics qui estiment disposer de la vérité absolue.

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  • Martial Petitjean (CFE-CGC) ajoutant qu’il faut changer l’assiette de cotisation à l’avenir pour payer les retraites de nos enfants, car l’on aboutira à 1 actif pour 1 retraité. Il ne faut surtout pas que le système de retraite soit transformé en une annexe du budget de l’État, ainsi que l’expose le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, lequel prétend que les économises réalisées permettraient de financer les hôpitaux ou l’Éducation Nationale ! Si déficit il y a, il n’aura pas à être jugulé avant 15 ou 20 ans.
  • Pour Christophe FAUSSER et Alain KAUFFMANN (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens), le gouvernement concerte dans le vide. Ce qui importe est de négocier. Tout le monde y est prêt. Mais il n’y a pas d’urgence. Le gouvernement ne respecte rien ni personne. Les femmes sont perdantes, les salariés et les plus modestes sont sacrifiés. 

Il est choquant d’entendre des jeunes qui pensent qu’ils n’auront plus de retraites. Pour le syndicaliste, il est plus que temps que le président range son orgueil et sa suffisance dans sa poche !

  • Thomas ESCHBACH (Union Nationale des Syndicats Autonomes) affirmera que le mouvement unitaire est suivi et soutenu par la population. La réforme envisagée étant injustifiée, injuste et brutale. Le gouvernement négligeant les partenaires sociaux, ajoute de l’huile sur le feu et attise des tensions sociales supplémentaires.

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L’après-covid nécessiterait de construire des rapports sociaux et des projets qui inspirent la confiance. Or, ce projet est un coup de bambou dirigé contre la population… 

Le rendez-vous mulhousien est fixé le 31 janvier à 13h30, place de la Bourse.