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Des directeurs « sur la corde raide » (L'ALSACE / VENDREDI 04 OCTOBRE 2019)

Publié le 04/10/2019

Le suicide de Christine Renon, directrice d'école maternelle en Seine-Saint-Denis, a soulevé une vague d'émotion dans la profession qui se reconnaît dans la lettre qu'elle a laissée.

Ce jeudi, un moment de recueillement était proposé dans les écoles. Certains avaient prévu d'arborer un brassard noir, d'autres d'afficher une information au portail..../...

Ces difficultés, qui ne sont pas nouvelles, une intersyndicale (SnuiPP-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT), dans l'académie, incite à les faire remonter via des motions, rassemblées dans un cahier de doléances, et des fiches « santé et sécurité au travail »..../...

Des personnels « qui sont sur la corde raide et, hélas, peuvent basculer », il en connaît. Nicolas Nemett, au Sgen-CFDT, comme Mariane Brosse, du SnuiPP-FSU, tous deux directeurs d'école, évoquent de leur côté des collègues « d'à peine 30 ans qui n'en peuvent plus et veulent se réorienter », d'autres « très investis, qui ne sont pas des débutants et pleurent, quinze jours après la rentrée ». .../...

En cause : l'accumulation des tâches administratives qui ne cesse de s'amplifier. L'accueil de plus en plus d'élèves handicapés et « à besoins éducatifs particuliers » nécessite de constituer des dossiers, d'animer des réunions d'équipe, de rédiger des compte-rendus. Soit « trois heures de travail pour chaque enfant d'ici la Toussaint et j'en ai une dizaine à suivre », témoigne Nicolas Nemett.

À la rentrée, les directeurs ont pris « beaucoup de temps » à expliquer aux parents la dérogation à signer pour que les petits de 3 ans fassent la sieste à la maison. Une réforme contre-productive dans une relation de confiance avec les familles, pour Nicolas Nemett, et de plus « impossible à faire dans les règles, en 48 heures.» .../....

En charge de la sécurité

Il s'agit éventuellement d'obtenir « une attestation de la solidité d'un arbre près de la cour d'école » ou de délivrer des autorisations pour une sortie. Actuellement, ils organisent les élections des parents d'élèves. En l'absence d'assistants, ils répondent au téléphone, organisent la surveillance et les activités pédagogiques complémentaires (APC) ; ils gèrent les inscriptions via un outil jugé « peu performant », ils accueillent les stagiaires, les parents, mais aussi les entreprises en cas de travaux ; ils font le lien avec les élus... en plus de s'occuper de leurs élèves.

« Après l'incendie de Rouen, on peut s'attendre à des consignes sur les catastrophes industrielles », suppose Nicolas Nemett.

Les directeurs craquent sous l'inflation de courriels de l'Éducation nationale : des « injonctions » permanentes et parfois contradictoires, qui aboutissent « à attendre que la canicule soit passée » ; des consignes restreignant la liberté pédagogique, que ce soit la mise en place des évaluations, ou des préconisations détaillées... pour l'installation d'un poulailler. Il en résulte une « lassitude énorme », voire « une perte de sens » du métier. .../...

Car, en plus des mesures structurelles demandées par les syndicats, il importe qu'il y ait « davantage de confiance de l'institution et un relâchement des contraintes », estime le Sgen-CFDT, .../....