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Le président en « burn-out » ? et les salariés, alors ? (LC / SAMEDI 3 NOVEMBRE 2018)

Publié le 05/11/2018

Au-delà de l’affaire élyséenne, la question du « burn-out » [...] est devenue de plus en plus importante dans les relations professionnelles. 

 

[...] ACCIDENT DU TRAVAIL ?

Rémi Bardeau, secrétaire de l’union départementale auboise de la CFDT, connaît bien les arguments comme ceux avancés par la ministre du Travail pour y être souvent confronté.

« Tout ce qui a trait au burn-out et à l’épuisement professionnel, on fait en sorte que ce soit reconnu comme accident du travail. C’est le cas lorsqu’un salarié craque sur son lieu de travail. Car malheureusement le faire reconnaître comme maladie professionnelle est très difficile. Le problème avec cette pathologie, c’est que les choses arrivent progressivement avec une fatigue qui s’installe petit à petit et qui met la personne, progressivement,dans l’incapacité de faire correctement  son travail. »

Un état de fait qui se double de difficultés avec l’employeur. « Il y a une stratégie de la part de ce dernier qui va mettre l’accent sur des problèmes personnels pour empêcher la reconnaissance comme maladie professionnelle. Pourtant, ce n’est pas parce qu’une maladie est reconnue professionnelle qu’elle est forcément liée au travail. » [...]

TRAVAIL EN AMONT, EN CONCERTATION
Reste que le meilleur moyen d’éviter « burn-out » et autres RPS, c’est de travailler en amont sur les conditions de travail.

« De façon générale, on a vu les risques psycho-sociaux se développer depuis une vingtaine d’années. C’était du harcèlement puis du stresse et
progressivement, on s’est aperçu que les salariés pouvaient se retrouver en réelle souffrance au travail, dans leur charge de travail, mais aussi sur d’autres aspects : l’autonomie, la considération, l’impression de ne pas être écouté, etc. » 

« DES FOUS FURIEUX »
Rémi Bardeau remarque toutefois que les entreprises qui ont fait le choix de laisser la parole au salarié – en partant du principe qu’il était celui qui connaissait le mieux son poste et qu’il était plus pertinent de tenir compte de son avis – avaient plus de chances de voir s’améliorer leur efficacité.

Il cite ainsi Renault France : « Le groupe a compris qu’il avait tout intérêt à garder ses ouvriers qualifiés pour éviter le turn over et les problèmes de remplacement. À l’inverse, dans la grande distribution alimentaire, surtout les enseignes dites discount , on se moque du bien-être des salariés car on considère qu’on pourra facilement les remplacer. »
D’expérience, Rémi Bardeau sait que la clef consiste à convaincre l’employeur de l’intérêt d’allier qualité de vie au travail et performance de  l’entreprise. Même si, admet le responsable CFDT,

« il y aura toujours des fous furieux pour continuer à croire qu’il n’y a qu’en mettant la pression à fond sur les salariés que ça marchera ! »