La CFDT défilera séparément ( DNA - / Ma. 17 Décembre 2019 )

« Tous ensemble, tous ensemble... » : ce n'est pas pour aujourd'hui. Cet après-midi, il n'y aura pas un, mais deux cortèges qui arpenteront le pavé strasbourgeois entre Bourse et République. Le premier regroupera les opposants au projet de réforme des retraites (intersyndicale CGT, FO, FSU Solidaires, CNT) qui veulent son retrait pur et simple et le maintien des régimes spéciaux. Le second, emmené par la CFDT suivra à distance, massé derrière une banderole « pour une réforme solidaire et juste, contre l'âge-pivot ».

Pour les deux manifestations, le rendez-vous est prévu à la même heure, 14 h, et à deux endroits très proches : place de la Bourse pour l'intersyndicale CGT, FO, FSU, Solidaires, CNT ; Place de l'Étoile pour la CFDT et les autres organisations réformistes. Reste à savoir comment se positionneront les militants cédétistes mobilisés depuis le début dans certains secteurs comme la SNCF.

On pouvait imaginer un défilé syndical unitaire, vu le mécontentement général provoqué par les annonces du Premier ministre. Ce ne sera pas le cas. Sabine Gies, secrétaire générale de la Confédération Française des Travailleurs en Alsace s'en est expliquée, lundi lors d'un point presse. « La CFDT, précise-t-elle, ne rejoint pas le mouvement des opposants au projet de réforme globale des retraites. Elle mobilise contre une mesure d'âge injuste et injustifiée qui pénalisera ceux qui ont commencé à travailler jeunes ou qui ont eu des carrières hachées. C'est la génération entre 1963 et 1975 qui va prendre cette mesure de plein fouet. » « Nous n'acceptons pas l'allongement de l'âge de la retraite. En imposant un âge-pivot, le gouvernement a franchi la ligne rouge », a-t-elle martelé, reprenant la formule-choc de Laurent Berger.

La CFDT attend également des réponses sur d'autres questions, notamment la pénibilité où elle réclame une meilleure prise en compte des critères et des professions concernées. La syndicaliste cite l'exemple « des bûcherons qui ne font pas partie des métiers pénibles, alors qu'ils meurent au travail et voient leur espérance de vie réduite avec les blessures qu'ils subissent ».

Sur ces points névralgiques, ainsi que sur les carrières dans la fonction publique ou la retraite progressive, les syndicats réformistes demandent au gouvernement de « rouvrir les discussions ». Cette position a fait l'objet au niveau national d'une déclaration commune de la CFDT, la CFTC, l'UNSA et la FAGE (*), favorables à la création d'un système de retraite « universel » « plus juste » et « plus solidaire ».

« Mais avec sa manière de travailler, le gouvernement s'est mis tout le monde à dos. Et aujourd'hui, il cherche à calmer la grogne en donnant des gages aux uns ou aux autres. Tout cela peut être contre-productif », regrette Sabine Gies.

Avec la mobilisation de ce mardi avant « la trêve de Noël dans les transports » qu'elle préconise, la CFDT espère un retour à la table des négociations. Sans exclure de repasser à l'action en janvier, si la mesure paramétrique de l'âge n'est pas abandonnée.