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Le ras-le-bol des aides-soignantes ( ER - Commercy-région / Me. 28 Février 2018 )

Publié le 28/02/2018

Elles ne sont pas habituées à manifester. La grève, ça n'est pas dans leur culture. « Et si on arrête, qui ira faire les toilettes de nos patients ? Personne ! » Et pourtant, leurs patients, demain, c'est potentiellement chacun d'entre nous. « Nous, nous ne pouvons pas arrêter des trains pendant un mois », constatent-elles, amères. Des aides-soignantes racontent leur quotidien et la difficulté à bien faire leur travail. Un nouveau mouvement est annoncé pour le 15 mars.

 

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Les aides-soignantes n'ont pas assez de moyens pour s'occuper correctement des personnes âgées.

« Je commence à 6 h du matin. J'ai choisi ce travail. Mais quand je commence à faire des toilettes à 6 h du matin, cela signifie concrètement que je dois réveiller une personne de plus de 90 ans à cette heure. Je le fais juste pour lui faire une toilette rapide, dans notre jargon TMC (N.D.L.R. : tête, mains, cul), parce que je suis seule ce matin-là pour faire toutes les toilettes qu'on m'a donné à faire », explique Fabienne, une aide-soignante rencontrée dans les locaux de l'union locale CFDT de Commercy avec l'interco Santé-sociaux.

Le manque de personnel revient comme un leitmotiv dans tous les témoignages. Sandrine vient d'effectuer huit week-ends d'affilée. « Quand j'ai voulu prend un week-end de repos, on m'a dit oui, en me faisant remarquer que ma patiente n'aurait qu'à se débrouiller seule ce week-end-là. Personne pour la laver ou lui donner à manger. Bien obligée de travailler un week-end de plus », ajoute Sandrine.

« La population est directement concernée »
 

Pour les déléguées de l'union locale CFDT, il n'est pas question de pointer du doigt un établissement plutôt qu'un autre. La situation est la même partout dans le département. Selon la CFDT, ce n'est pas le centre hospitalier de Commercy qui est en cause, ce sont les moyens que lui donnent l'Agence régionale de santé et le conseil départemental pour mener à bien ses missions qu'il faut dénoncer.

« Pour gagner, on a besoin d'une intersyndicale qui sache se faire entendre », indique la déléguée locale de la CFDT Santé-sociaux. « C'est pour cela qu'on appelle à un grand rassemblement, le 15 mars prochain. Mais il faut également que la population se mobilise. Elle est directement concernée. »

En Meuse, médicalisés ou non, les 34 EHPAD (établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes) et 5 unités de soins de longue durée, auxquels il faut ajouter les services de soin à domicile sont tous touchés. Manque de moyens et de personnels, manque de reconnaissance pour les personnels - selon la CFDT, en Meuse, certaines associations employeuses affichent 50 % d'arrêt maladie : la machine est au bord de l'implosion. Une situation qui, reconnaissent les syndicalistes, n'est pas faite pour susciter des vocations.