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Cheminots : les raisons de la colère ( L'ALSACE, DNA / JE. 22 MARS 2018)

Publié le 22/03/2018

 « Le statut de cheminot, c'est notre ADN. C'est aussi le dernier lien qui unit les salariés d'une entreprise de plus en plus compartimentée depuis le début des années 2000. Et il doit le rester également pour les futurs embauchés », insiste Loïc (NDLR : tous les prénoms ont été changés), agent d'escale en gare de Strasbourg.


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« L'abandon du statut ne fera qu'aggraver la scission qu'on constate déjà avec nos collègues contractuels et intérimaires. En raison notamment du manque d'attractivité de nos métiers, le nombre de ces derniers augmente depuis quelques années », pointent Charlotte et Victor, deux adhérents CFDT, respectivement opératrice de maintenance télécoms à l'Infrapôle de Strasbourg et aiguilleur à Colmar.

« Nous avons la chance de bénéficier d'un cadre social qui garantit l'égalité salariale femmes-hommes et qui permet notamment une évolution de carrière régulière, alors pourquoi les nouvelles générations en seraient privées ? C'est une question d'équité », ajoute Charlotte.

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D'autres points soumis à la négociation dans le cadre la réforme ne manquent pas d'irriter les cheminots alsaciens interrogés. Beaucoup se montrent inquiets quant aux conditions de transfert des personnels SNCF vers les « nouveaux entrants » dans le cadre de l'ouverture à la concurrence des trains régionaux. « Cela reste encore très flou. On aimerait savoir si on aura le droit de refuser », souligne par exemple Victor.

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Le recul de l'âge de départ à la retraite des cheminots au statut, dont l'alignement avec le régime général est enclenché depuis 2017, ne semble en revanche plus susciter de contestation : « Les sédentaires nés après 1967 pourront faire valoir leurs droits à 57 ans au lieu de 55 ans pour leurs aînés. Sauf nouvelles modifications, ils sont tenus de faire 164 trimestres, donc 41 ans, pour toucher une pension sans décote, ce qui me mène à 61 ans dans mon cas », calcule Charlotte, 25 ans.

« Ouverts au changement »

 

« Je ne connais pas de réseau ferré qui ne soit déficitaire ! Le vrai problème, ce n'est ni le statut des cheminots, ni le statut juridique de la SNCF, mais la dette du chemin de fer qui résulte d'une stratégie axée sur le tout TGV », déclare un ancien aiguilleur aujourd'hui permanent syndical CFDT. À ce titre, il assure « que les cheminots sont ouverts au changement mais ne veulent pas être les dindons de la farce ».

* Dans le Grand Est, le groupe public ferroviaire SNCF emploie plus de 12 500 salariés, dont 6600 relèvent de SNCF Mobilités, l'établissement chargé de l'exploitation des TER, TGV et gares. La direction régionale de Strasbourg ne précise pas le taux de contractuels hors statut. Au niveau national, ces derniers représentent environ 10 % des 160 000 cheminots.