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Harcèlement au travail : quelles solutions ? ( L'Alsace, ER, RL, VM - Divers / Sa. 25 Novembre 2017 )

Publié le 27/11/2017

Dans le milieu du travail, les victimes de propos sexistes, gestes déplacés voire de harcèlement sexuel, préfèrent souvent rester silencieuses, de peur de perdre leur emploi. #Balancetonporc, et après ? 

 

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L'affaire de harcèlement sexuel mettant en cause le producteur américain Harvey Weinstein aux Etats-Unis a déclenché une vague inédite de révélations sur les réseaux sociaux. En France, les plaintes pour violences sexuelles ont augmenté en octobre de 30 % en zone gendarmerie, de 23 % en zone police. Et le 3919 a reçu plus de 27 % d'appels supplémentaires (5 717 contre 4 510 en septembre). « On n'a pas pu traiter toutes les demandes », alerte Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF) qui gère ce numéro national.
 
 
Les syndicats pas légitimes ?
 

Loin de Twitter et des tapis rouges de Hollywood, la parole a en revanche plus de mal à se libérer. Pourtant, 40 à 50 % de femmes déclarent avoir été l'objet de sexisme et de harcèlement sur le lieu de travail en Europe, constate la Confédération syndicale internationale. Mais aucune recrudescence de signalements n'a été enregistrée auprès des deux organisations syndicales contactées.

« Dans les entreprises, les mêmes freins empêchent les victimes de dénoncer ces violences qui peuvent aller jusqu'au viol et le premier est la peur de perdre son emploi », constate Christophe Dague, secrétaire général de la CFDT-Paris. Certaines ont aussi des craintes sur la façon dont sera reçu et traité leur témoignage. Enfin, nombreuses sont celles qui considèrent, à tort, que les violences sexuelles relèvent de la sphère privée et que l'employeur ou les syndicats ne sont pas des interlocuteurs légitimes. »

L'article L1153-5 du Code du Travail, en principe inscrit noir sur blanc dans le règlement intérieur des entreprises, précise cependant bien que l'employeur prend toutes dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d'y mettre un terme et de les sanctionner. « La première chose que l'on a à faire c'est de lui rappeler cette responsabilité », souligne Christophe Dague. « On a les outils pour, confirme Rémi Picaud de l'US CGT commerce et services à Paris. On n'hésite pas à faire des courriers et généralement les employeurs remettent les pendules à l'heure car dans notre secteur, ils n'aiment pas ce genre de publicité. »

Tolérance zéro pour les propos sexistes
 

Les deux syndicats assurent aussi qu'ils sont mobilisés sur cette question depuis une dizaine d'années. La CFDT investit sur la sensibilisation et la formation de ses militants et délégués syndicaux. Sa priorité actuelle, c'est une « tolérance zéro » pour les propos sexistes comme cela existe pour l'interdiction de fumer.

La ministre du Travail Muriel Pénicaud a donné jusqu'au 15 décembre aux organisations syndicales pour qu'elles lui soumettent des propositions contre les violences faites aux femmes dans le cadre du plan quinquennal sur l'égalité femmes/hommes (lire ci-contre). Il reste du boulot.