La CFDT en position de force ( L'alsace - Divers / Lu. 6 Mai 2019 )
Le gouvernement aura beau ergoter, c'est bien une conférence sociale et environnementale qui se cache derrière l'expression alambiquée de « mobilisation nationale et territoriale pour l'emploi et les transitions » convoquée ce lundi à Matignon.
Une bonne partie de l'exécutif participera à cette grand-messe réunissant responsables des syndicats de salariés et du patronat mais aussi des associations d'élus locaux et des représentants de la société civile. Ce n'est pas tout à fait le « Grenelle du pouvoir de vivre » réclamé par le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dès le début du mouvement des gilets jaunes en novembre. Ce n'est pas non plus la consécration du « pacte social et écologique » que la CFDT, encore elle, a cosigné le mois dernier avec 19 autres organisations, notamment les fondations Nicolas-Hulot et Abbé-Pierre. Le rendez-vous d'aujourd'hui n'en est pas moins une victoire pour le premier syndicat français. Malgré l'émergence d'un mouvement des gilets jaunes qui s'est inscrit en dehors de toute représentation politique, mais aussi syndicale, la CFDT a su se poser en médiateur quand d'autres, CGT en tête, s'essayaient à des manoeuvres de récupération.
Alors que l'exécutif semble, enfin, avoir compris l'utilité des corps intermédiaires, Laurent Berger n'est pas le maître du jeu. Mais sa voix comptera dans ce sommet social et environnemental destiné à mobiliser une partie des forces vives pour un pacte républicain dont l'objectif est, ni plus ni moins, de concilier justice sociale, solidarité entre générations, équilibre des territoires, performance économique et transition écologique. Cette finalité implique que tous les acteurs soient prêts à des concessions. Cela vaut pour l'exécutif comme pour les syndicats et le patronat. Toute la difficulté pour la CFDT sera, finalement, de garder sa ligne réformiste et de ne pas profiter de sa situation de force pour tomber dans la facilité contestataire.
