Retour

La violence au quotidien (DNA, Me 24 Oct 2018)

Publié le 24/10/2018

Les enseignants ont saisi l'occasion de s'exprimer via le mot-clé #Pasdevague sur les réseaux sociaux, révélant les risques physiques et psychologiques de leur métier, mais aussi le manque de soutien de l'institution. 

logo DNA pour portail CFDT

[...] "Les agressions comme celle dont a été victime une professeure à Créteil restent heureusement rares", selon Laurent Gomez, secrétaire général du Sgen-CFDT Alsace, mais « sans qu'on sente une montée en puissance, il y a des incivilités, des insultes, des agressions verbales, une violence au quotidien qui est fréquente. »

L'enseignant a la particularité d'être seul dans sa classe, dans un rapport de force qui peut se déséquilibrer, décrit Laurent Gomez. « Il y a un phénomène de groupe, d'autant plus développé que l'effectif est surchargé. » C'est l'une des raisons pour lesquelles les syndicats insistent sur la nécessité de diminuer le nombre d'élèves par classe.

« L'institution n'a pas de réponse et le ministre laisse croire que le problème, ce n'est pas le braquage de l'enseignante, mais que cela ait été filmé », s'indigne le Sgen-CFDT. En cas d'incident, les enseignants sont invités à remplir une « fiche de signalement ». [...]

D'autres dispositifs existent, notamment les instances d'hygiène et de sécurité au travail ou la possibilité de déposer plainte, mais qui sont parfois « difficiles à mobiliser », reconnaît Arnaud Sigrist. Pour le représentant du Snes-FSU, « la réponse doit être collective, elle doit résulter d'un travail d'équipe entre les enseignants, la vie scolaire, le personnel social et de santé, l'administration, ce qui nécessite du temps et peut-être un peu plus de formation. »

L'Éducation nationale accorde aujourd'hui des priorités à la protection des établissements contre le terrorisme ou à la défense de la laïcité, et elle a marqué des points dans la lutte contre le harcèlement scolaire. Mais, répète Laurent Gomez, « l'institution fait défaut sur l'accompagnement des professeurs victimes de violence. Il n'y a pas de suivi psychologique, pas de médecine du travail. On se retrouve face à une sorte de fatalisme. »