La CFDT a plus d’adhérents que tous les partis politiques réunis (L'Est Eclair / 4 décembre 2025)

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Pendant trois jours, .../...  270 congressistes de la CFDT-cadres, venus de toute la France, sont réunis au centre des congrès de l’Aube. L’occasion de rencontrer Marylise Léon, secrétaire nationale de la CFDT, pour évoquer une actualité dense et la place du syndicalisme.

Quand vous étiez enfant, vous rêviez d’être pilote. Or, vous pilotez depuis le 21 juin 2023 la CFDT, le plus gros des appareils dans le ciel syndical français. Votre rêve s’est-il enfin réalisé ?

Marylise Léon : Peut-être que c’est encore mieux que mon rêve d’enfant. C’est enthousiasmant. Je suis très contente d’être secrétaire générale de la CFDT. .../...n Ce n’est pas tous les jours facile mais c’est une grande fierté d’être à la tête du premier syndicat français.

Vous êtes à Troyes pour assister au congrès national de la CFDT-cadres. Des cadres qui représentent près de 25 % des 21 millions de salariés français, soit dix fois plus qu’il y a soixante-dix ans. Les cadres sont-ils devenus un enjeu majeur pour la CFDT ?

.../.... La CFDT est aussi le premier syndicat français chez les cadres. On est 7 points devant la CGC. On n’est pas des petits premiers. Les cadres ont des spécificités avec lesquelles la CFDT doit être raccord. On a identifié plein de métamorphoses du travail comme le numérique, l’intelligence artificielle ou la transition écologique. On est persuadé que cela ne peut pas se faire sans les salariés et encore moins sans les managers.

Si le nombre des cadres a explosé, celui des effectifs syndicaux affiche une baisse sensible. Comment expliquez-vous cette chute inexorable ?

.../...  Je rappelle que la CFDT, toute seule, a plus d’adhérents que tous les partis politiques réunis. Le Parti socialiste, c’est 40 000 adhérents. LR, ce n’est pas beaucoup plus. La CFDT, elle, a plus de 640 000 adhérents dont 52 % de femmes. Et le taux de participation aux élections professionnelles, qui est de 47 %, est plus important que celui des élections politiques. .../...

« Chaque centimètre de reculs sociaux, ce sont 1 000 voix pour l’extrême droite », avez-vous déclaré à notre confrère du journal « Le Monde » en août. Le contexte politique français vous inquiète ?

Oui, il m’inquiète beaucoup. Je ne fais pas un déplacement sans qu’on me dise : quand est-ce qu’ils vont enfin se mettre d’accord ? Il y a une attente que les responsables politiques, qui n’ont de cesse de nous dire de trouver des compromis, passent aux travaux pratiques et trouvent eux aussi des compromis. Et que ces compromis ne se fassent pas au détriment des travailleurs ou des malades. .../...

Vous fustigiez aussi en août dernier le Premier ministre Bayrou pour avoir « sorti le lance-flammes », avec « des solutions totalement déséquilibrées et profondément injustes ». La méthode du nouveau Premier ministre Lecornu vous paraît-elle plus douce ?

.../... Bayrou, qui avait commencé à nous donner la main sur les retraites avec le conclave, qui n’a pas abouti parce que le Medef n’en voulait pas. Il a sorti le lance-flammes après quelques mois. Maintenant, Sébastien Lecornu nous dit : « Je suis ouvert au dialogue ». Et la première chose qu’il fait est de suspendre la réforme des retraites. C’est quand même une victoire syndicale qu’on espère voir se concrétiser dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Vous affirmez qu’il n’y aura pas de budget juste sans réforme fiscale ? Cela vous paraît-il bien engagé ?

Il faut que chacun contribue aux efforts en fonction de ses moyens. Il faut taxer les revenus les plus hauts et les patrimoines les plus importants. .../... Le budget de l’État, c’est d’abord un déficit de recettes et c’est aussi des dépenses, notamment du côté des aides aux entreprises. Vous avez 211 milliards d’euros de dépenses pour aider les entreprises. Je dis juste : à quoi ça sert ? Je donne souvent l’exemple de Novasco, une entreprise de la sidérurgie, qui a eu 85 M€ d’aide publique à Hagondage, et qui a annoncé la fermeture du site avec 450 salariés concernés. Les entreprises ne rendent pas suffisamment de comptes. .../...

La CFDT n’est pourtant pas favorable à la nationalisation des dernières entreprises de la sidérurgie. Pourquoi ?

Ce n’est pas la solution miracle de faire croire aux salariés qu’on va sauver l’entreprise en nationalisant. Nationaliser, c’est dépenser de l’argent public. Si on veut répondre au problème de la sidérurgie, c’est d’abord à l’échelle européenne. Il faut protéger la production européenne avec par exemple une taxe carbone aux frontières. C’est régler le problème de la concurrence déloyale de l’acier chinois. .../...

Quelle position défendez-vous dans les négociations en cours sur les ruptures conventionnelles et les contrats courts ?

François Bayrou, dans son musée des horreurs qu’il nous a sorti au mois d’août, nous a demandé de renégocier l’assurance chômage avec des économies. C’est infaisable parce qu’on a déjà eu beaucoup de réformes et de baisses de droits.../...  Aujourd’hui, on a changé de gouvernement et Lecornu nous dit qu’il faut négocier sur les ruptures conventionnelles qui ont explosé et coûteraient trop cher. On est prêt à négocier sur les abus. Mais le principal problème, ce sont les salariés enfermés dans l’ultra-précarité qui ont des missions d’intérim ou des CDD d’un jour. Un quart des missions d’intérim, c’est une journée !

Sophie Binet, secrétaire nationale de la CGT, a été mise en examen pour injure publique. Vous en pensez quoi ?

C’est lunaire, ahurissant, totalement démesuré. Je condamne cette mise en examen qui est à l’initiative du mouvement patronal ETHIC, de Sophie de Menthon, qui est financé par Pierre-Édouard Stérin, l’entrepreneur proche de l’extrême droite.

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