
Chez Walor, un repreneur trouvé in extremis permet de sauver 101 emplois (SH / n°3950)
Pendant six mois, la CFDT a mené des actions coordonnées à tous les niveaux – confédéral, fédéral, régional et local – afin de préserver l’emploi et l’outil industriel dans les deux sites ardennais de l’entreprise automobile Walor, voués à la liquidation judiciaire.

Le combat fut éprouvant mais la CFDT de Walor n’a rien lâché pour sauver l’emploi dans les deux sites ardennais de Vouziers et Bogny-sur-Meuse, spécialisés dans la fabrication de bielles, des pièces qui servent au fonctionnement des moteurs thermiques des automobiles. Après plusieurs mois de bataille juridique et syndicale, le tribunal de commerce de Sedan a acté, le 25 novembre dernier, leur liquidation judiciaire et leur rachat par le fabricant de pièces en métal Forgex France. L’offre prévoit pour le site de Vouziers la reprise de 48 salariés et le licenciement de 30 autres ; pour l’usine de Bogny-sur-Meuse, la reprise de 53 salariés et le licenciement de 72 autres.
Un rachat et des promesses oubliées
« Pendant plus de deux ans, les représentants et les élus CFDT ont tiré la sonnette d’alarme et dénoncé le sous-investissement chronique dans les sites », confirment Albert Cazeaux, secrétaire général de la CFDT Métallurgie des Ardennes, et Éric Billy, secrétaire général de la CFDT Ardenne Grand Est. Bruno nous a contacté en 2022. À l’époque, Vouziers atteignait 12 000 casses par an. Conséquence, la productivité et la qualité baissaient ; pire, les salariés étaient exposés à des risques, et les accidents du travail se multipliaient. Sous notre impulsion, la section s’est fait accompagner par un cabinet d’expertise. »
1. Direction départementale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités.
En 2023, les deux sites sont finalement rachetés par le groupe financier allemand Mutarès. « Mutarès, c’est l’ogre, le destructeur d’entreprises. Malgré ses engagements au moment de la reprise – et malgré des aides publiques perçues ces dernières années (300 000 euros à Vouziers et 1 500 000 euros à Bogny-sur-Meuse –, rien, de nouveau, n’est investi pour nous », précise Bruno Bodson. « Très vite, nous avons compris qu’ils n’allaient pas garder tous les effectifs. Pendant toutes ces années, les sites n’ont été ni modernisés ni diversifiés alors que le secteur d’activité sur lequel l’entreprise est positionnée, les bielles pour moteurs de poids lourds, est défaillant », appuient Albert Cazeaux et Éric Billy. En mars 2024, pour les alerter de la situation, ils rencontrent le directeur adjoint de la DDEETS1 ainsi que des députés. Puis ils contactent la CFDT Grand Est, la CFDT Métallurgie et la Confédération.
Une action coordonnée de la CFDT pour sauver l’emploi

« La coordination permet une force de frappe incroyable », reconnaît Carine Jacquin, secrétaire générale de la CFDT Grand Est, qui a également fait intervenir l’association Transitions Pro (AT Pro) pour présenter aux salariés les projets de reconversion possibles. « À Vouziers, la CFDT s’est démenée afin de sauver les emplois et l’outil industriel. On s’en sort dignement. Ça permet de continuer à faire vivre les sites, le territoire. Bien entendu, la CFDT va continuer à accompagner tous les salariés licenciés ! », conclut de son côté Xavier Guillauma, secrétaire confédéral CFDT chargé de l’industrie.